« Je travaille à l'extérieur et mon mari est éleveur laitier. Je voulais trouver une activité professionnelle qui me permette de travailler sur l'exploitation, sans demander trop d’investissement », explique Line Cléro. Il y a huit ans, elle a créé une activité de séjours d’enfants à la ferme. Sur leur exploitation agricole au Cambout (Côtes-d'Armor), Line et Thierry Cléro accueillent des enfants, entre 6 et 16 ans. Pendant quelques jours, ils vont vivre une parenthèse verte.
« J’accueille quatre enfants à la fois. Ils peuvent profiter de jeux dehors et de balades au grand air. Ils découvrent les animaux, la vie à la campagne et l'élevage laitier », partage Line. « Les enfants adorent traire, ramener les vaches au champ, s’amuse Thierry. Ils découvrent l’agriculture et aiment ça. À tel point que certains grands disent vouloir y travailler ». Convaincue que les animaux sont un super support pédagogique, Line s’est formée à la médiation animale et a complété le troupeau laitier par une véritable mini-ferme avec cheval, âne, chiens, lapins…
Faire découvrir l'élevage, naître des vocations
Si l’espace et les animaux sont pour beaucoup dans l’attrait des séjours à la ferme, le côté familial y contribue aussi. En effet, les enfants partagent la vie de famille, ils sont logés dans la maison, les repas sont pris ensemble. « C’est rassurant pour les enfants comme les parents. Les enfants prennent de l’indépendance tout en restant dans une structure familiale », souligne Marie-Paule Fouquin, chargée de mission pédagogie pour le réseau Bienvenue à la ferme de la chambre d’agriculture de Bretagne.
On manque d'exploitations prêtes à accueillir des enfants.
Les colonies sont de moins en moins plébiscitées, à cause de leur prix et de formules d’accueil qui ne répondent plus forcément aux attentes des familles. « L’accueil à la ferme, familial, est sécurisant pour les parents comme pour les enfants, surtout si c’est la première fois qu’ils partent seuls, souligne Marie-Paule Fouquin. Les prix sont aussi plus accessibles ».
Alors qu’il y a des attentes fortes de la part des familles, on manque de fermes prêtes à accueillir des enfants. « Comme dans tous les secteurs agricoles, nous assistons à un nombre important de départs en retraite, constate Marie-Paule Fouquin. Dans l’accueil d’enfants à la ferme, il y a plus de d’arrêts d’activité que de création ».

Se lancer dans l'accueil d’enfants
Vous aimez partager votre passion de l’agriculture, vous avez un bon feeling avec les enfants, pourquoi ne pas proposer des séjours à la ferme. C’est une activité que vous pourrez conduire à votre rythme et demandant peu d’investissements.
Une déclaration d'activité suffit.
Certains décident de se lancer quand leurs enfants sont petits pour qu’ils aient des copains pendant les vacances, d’autres le font quand ils sont grands et que leurs chambres sont disponibles. « L’accueil se fait à la maison donc, je voulais l'assentiment de mes enfants, témoigne Line Cléro. Notre grand est indépendant mais notre plus jeune fils est encore à la maison. Il était d’accord et il se prend même au jeu, par exemple, en emmenant les enfants faire des tours de tracteur ».
En plus de l’acceptation familiale, il faut s’assurer d’avoir suffisamment de temps disponible pour gérer son exploitation et s’occuper des petits vacanciers. Sur le plan administratif, il y a juste une déclaration d’activité à faire.
Liberté d’organisation et de tarifs
L’accueil se fait par groupe de 2 à 6 enfants. « Comme ils sont logés dans la maison familiale, il n’y a pas de gros investissements nécessaires, rassure Marie-Paule Fouquin. Il y a des exigences sur les surfaces des chambres mais pas besoin de salle de bain dans chacune ». « Nous avons réaménagé les chambres de nos enfants, se souvient Line Cléro. Puis on a transformé une ancienne étable en salle de jeux, avec une table de ping pong, des jeux de société… ».
Chaque agriculteur a une grande liberté, tant au niveau de sa clientèle que de son organisation et de ses tarifs. Peuvent séjourner à la ferme des enfants de particuliers, comme ceux confiés à l’aide sociale à l’enfance. « Les familles d’accueil prennent des week-ends et des vacances. Pendant ces congés, les enfants qu’ils accueillent peuvent venir ici », expliquent Line et Thierry.
Avoir du temps et un bon feeling avec les enfants.

(©Ferme la p'tite clé des champs)
« Un complément de revenu appréciable »
À chacun aussi de fixer le rythme d’accueil qui lui convient. « J'ai réduit mon temps de travail à l’extérieur pour recevoir des enfants, témoigne Line Cléro. Je propose des contrats pour ceux que j'accueille régulièrement. L’été, il y en a beaucoup qui reviennent d’une année sur l’autre, des copains qui aiment se retrouver, des cousines qui habitent loin l’une de l’autre et qui souhaitent passer une semaine ensemble »
Moins travailler à l'extérieur et s'équiper.
Au niveau financier, chacun fixe ses tarifs. « Il ne faut pas raisonner en salaire horaire, recommandent Line et Thierry. Mais c’est un complément de revenu appréciable », qui a permis à Line de diminuer son temps de travail à l’extérieur et à Thierry de s’équiper pour réduire la pénibilité de certaines tâches.
Les agriculteurs et agricultrices, qui désirent se lancer, peuvent contacter les conseillers "Bienvenue à la ferme" des chambres d’agriculture pour qu'ils les accompagnent à l’émergence d'un projet éducatif autour de l'accueil d'enfants sur leur exploitation, en leur donnant des conseils sur l'organisation notamment.