Pressage de paille : mieux vaut déléguer

Presse cubique
Les presses à balles cubiques haute densité offrent un débit de chantier très important, mais sont trois fois plus chères à l’achat. Ces chantiers ne peuvent donc être réalisés que par des Cuma ou ETA. (©Antoine Humeau)

Il semble plus pertinent de confier le travail de pressage de paille à une Cuma ou une entreprise de travaux agricoles que de le faire soi-même. Amortir une presse est compliqué si l’on a moins de 200 hectares de céréales.

« En termes d’efficacité, de rentabilité de matériel, il est évident qu’il vaut mieux déléguer les chantiers de pressage de paille, la question pour moi ne se pose même pas » assure Éric Canteneur, animateur à la fédération des Cuma de Vendée. « Mais cela ne semble pas encore ancré dans la tête de tout le monde ». En plus bien souvent, les débits de chantiers sont plus élevés lorsqu'ils sont faits par un tiers, surtout s’ils sont réalisés en balles cubiques. Précieux, quand on veut vite libérer la parcelle !

Le coût total d’un chantier de pressage en balles rondes revient en moyenne à 4,50 € la botte, selon les chiffres des Cuma en 2023. La presse représente les deux tiers du coût, la main d’œuvre 15 %, le tracteur 10 %, le carburant 9 %. Le prix varie selon l’optimisation du matériel, si la presse produit moins de 2 000 balles par an, le coût à l’unité bondit.

Être propriétaire de sa presse, ça devient intéressant à partir de 150-200 ha.

Une presse à balles rondes, c’est autour de 50 000 euros. Pour obtenir un prix de revient autour de 3 €/botte, il faut en produire 2 500 à 3 000 bottes. Il faut donc 150 à 200 hectares de céréales à paille pour que cela soit pertinent financièrement. « Les agriculteurs qui ne comptent pas le tracteur et la main d’œuvre font une erreur, pointe Éric Canteneur. Le tracteur a forcément un coût et un exploitant a aussi un prix de main d’œuvre ». Mais « un agriculteur qui veut avoir sa presse ne regarde pas l’aspect économique », observe le président de la Fédération des entreprises de travaux agricoles (FNEDT) Philippe Largeau.

Débit de chantier

Au-delà de la pertinence économique, se pose la question du temps de travail. Dans les exploitations d’élevage, la main d’œuvre manque de plus en plus, surtout en cette période. Faire soi-même, c’est passer beaucoup de temps au réglage, à la mise en place du chantier. C’est le cas aussi en Cuma, lorsque l’agriculteur réalise lui-même son chantier. « On sait très bien que quand un agriculteur attelle son tracteur sur un matériel, il y a toujours des pertes en charges et des pertes de temps dans l’attelage », glisse Éric Canteneur.

À la Cuma Les Chouans à Saint-Philbert-de-Pont-Charrault (Vendée), le matériel est parfaitement optimisé, la machine tourne quinze heures par jour durant les chantiers de pressage. Pendant la pause de midi du chauffeur, un ou deux agriculteurs le remplacent. La presse travaille 500 heures sur les parcelles de blé de 6 adhérents, elle produit 3 000 bottes de paille par an. « On arrive à faire entre 450 et 600 bottes en une seule journée, on a un débit de chantier assez énorme », se rengorge le chauffeur Sébastien Rambaud. La machine est une John Deere V461 tractée par un John Deere de 180CV.

Chez Denis Giffard, pas de perte de temps non plus. Le pressage de paille, c’est l’une des plus grosses activités de cette entreprise de travaux agricoles (ETA) au sud de Caen (Calvados). Sur chaque chantier, plusieurs personnes sont mobilisées : une sur la presse, deux au télescopique, une autre sur un chariot. « Le rendement est de 120 à 300 tonnes par jour », soutient le gérant de l’entreprise.  Coût pour l’agriculteur : 8 € la balle cubique, compter 1 € de plus si elles sont regroupées par quatre et 1,50 € si elles sont regroupées en barges en bout de champ.

Balles rondes ou cubiques

La balle cubique ne manque pas d’arguments par rapport à la balle ronde, et c’est sans doute pour cela que les ETA et Cuma investissent de plus en plus dans des bigballers. C’est surtout du matériel que les agriculteurs peuvent difficilement s’offrir : à 180 000 € voire 200 000 €, cette presse haute densité est trois fois plus chère qu’un roundballer. Sans compter qu’il faut lui atteler un tracteur tout aussi onéreux. Le débit de chantier est beaucoup plus important : 50 à 60 bottes par heure contre 40 pour un roundballer. Une fois la balle nouée et éjectée, la machine ne s’arrête pas, elle continue de tourner. Et puis surtout ce sont des bottes beaucoup plus lourdes et denses, 450 à 500 kg contre 300 kg pour une balle ronde.

Tout cela présente des avantages intéressants pour les éleveurs : on en stocke davantage dans le bâtiment, et c’est beaucoup plus pratique pour le transport, quand la parcelle est éloignée ou quand on veut vendre sa paille à un tiers. « On fait l’essentiel de nos chantiers en balles carrées, les éleveurs qui viennent chez nous nous choisissent pour avoir du big », raconte Denis Giffard.

Déléguer aussi le regroupement de bottes ?

Un chantier vite terminé, cela permet de libérer la parcelle plus vite, et cela correspond à de nouveaux besoins. De plus en plus d’agriculteurs veulent pouvoir faire très vite un déchaumage et semer un couvert derrière. Déléguer ce travail de pressage a donc toute sa pertinence, surtout si c’est fait au bigballer. Mais il faut encore ensuite ramasser les bottes. Faut-il déléguer cette partie du chantier ou le faire soi-même ?

Cette nouvelle exigence de libérer le terrain rapidement crée de nouvelles prestations. « Les agris commencent à nous demander de plus en plus de l’entassement en bout de champ », rapporte Philippe Largeau. Ainsi, ils n’ont plus qu’à rentrer les bottes. Pour gagner encore plus de temps, il existe des groupeurs de bottes, des remorques qui permettent de regrouper les balles en bout de champ de façon très rapide, sans avoir besoin d'un télescopique. Ces machines ne sont pas du tout à la portée des agriculteurs, puisque leur prix avoisine les 50 000 euros. Très peu d’ETA et de Cuma en sont encore équipées. « Ce qui est intéressant avec ces groupeurs de bottes, c’est le débit de chantier, mais aussi la question du tassement du sol que l’on réduit puisqu’il y a moins de passages et de recouvrement ». Un argument de plus pour déléguer.

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