Stockage de paille : les bons réflexes pour éviter les incendies

« L’idéal, c’est de penser le risque incendie dès la construction » explique Mathieu Fustinoni, du service prévention chez Groupama Auvergne-Rhône-Alpes. C’est le moment de réfléchir à l’emplacement du bâtiment de stockage. Car plus que l’incendie, c’est la propagation qui inquiète les assureurs. « Si seuls le fourrage et le bardage brûlent, le coût du sinistre reste contenu. On n’est pas sur des bâtiments qui coûtent très cher » tranche l’expert. « Mais si le feu se propage sur le bâtiment d’activité principale, les dégâts peuvent aller jusqu’à la perte d’activité ». Mieux vaut donc éloigner autant que possible les bâtiments de stockage, même si les contraintes pratiques poussent généralement les éleveurs à les regrouper en un îlot.

Espacer les bâtiments

Sur le plan réglementaire, deux éléments se distinguent. La distance aux habitations, et l’éloignement avec les autres bâtiments.

D’après Légifrance, les bâtiments d’élevage et leurs annexes doivent être implantés à une distance minimale de 100 m des habitations tierces. Les bâtiments de stockage de paille et fourrage font exception : une distance de 15 m des habitations peut suffire, à condition que des dispositions soient prises pour prévenir les incendies.

Quant à l’espacement des bâtiments entre eux, tout dépend de la taille du stockage. Les infrastructures dotées d’un volume de stockage de paille et fourrage de 1 000 m³ à 20 000 m³ sont soumis à déclaration ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement) et bénéficient d’une réglementation particulière :
- Entre 1 000 et 10 000 m³ le bâtiment doit être espacé de l’enceinte de l’établissement de plus de 10 m,
- Entre 10 000 et 20 000 m³ le bâtiment doit être espacé de l’enceinte de l’établissement de plus de 15 m.
Ces dispositions peuvent être adaptées par la préfecture

Compter a minima 15 m entre les bâtiments

« Généralement, il faut une vingtaine de minutes pour que les pompiers se rendent sur une exploitation » explique Mathieu Fustinoni. « Vingt minutes, ça suffit pour voir s’embraser un bâtiment, mais ça permet de sauver les autres si les bâtiments sont espacés ». Et si la loi ne l’impose pas pour tous les types de bâtiments, le conseiller recommande vivement d’écarter son stockage d’au moins 15 m du reste de la ferme.

Coupes batterie et sondes à fourrage

À défaut de pouvoir travailler sur l’agencement de l’exploitation, il reste possible de jouer sur le tableau de la prévention. Première préconisation : ne pas remiser du matériel motorisé à proximité de la paille ou du fourrage. S’il n’est pas possible de faire autrement, l’installation d’un coupe batterie est préférable.

Mathieu Fustinoni conseille également aux agriculteurs de se munir de sondes à fourrage. « Il y a des modèles, connectés ou non, qui permettent de suivre la température des bottes pour éviter les échauffements ». Et si l’investissement reste onéreux, « il coûte toujours moins cher qu’un sinistre » rappelle le conseiller. D’autant que « c’est un élément à mettre en avant lorsqu’on négocie son contrat ».

Et surtout, si un ballot semble suspect, il est toujours plus prudent de le laisser en extérieur.

Des extincteurs à poudre

S’il est essentiel de prévoir des extincteurs dans tous les bâtiments, « mieux vaut miser sur la prévention » insiste Mathieu Fustinoni. « Lorsqu’un feu démarre dans la paille, il faut agir dans les deux minutes sinon c’est trop tard, et l’on n’est pas forcément dans les bâtiments à ce moment-là ». Privilégier tout de même les extincteurs à base de poudre. « Ceux à base d’eau peuvent également convenir, mais il faut faire attention à ce qu’ils soient dotés de dispositif antigel selon l’endroit où ils sont stockés. »

Mais sur les chantiers de paille, l’extincteur s’impose. « Les départs de feu viennent souvent de machines en mouvement, alors autant se prémunir ».

Eviter également les travaux par point chaud dans ce type de bâtiment. « Une étincelle peut être active pendant 2 h. Même si tout semble en ordre, on conseille de venir faire des vérifications quelques heures après les travaux ».