Le Salon de l’agriculture 2016, qui aura lieu à Paris du samedi 27 février au dimanche 6 mars 2016, ne s’est jamais annoncé aussi tendu. En pleine crise, les agriculteurs appellent au boycott de l’évènement et au retrait des animaux.

Depuis plusieurs semaines, les appels au boycott du Salon de l’agriculture se multiplient, comme nous avons pu le constater sur les commentaires des articles de Web-agri, sur le forum et sur les réseaux sociaux. La page Facebook « Boycottons le Salon de l'Agriculture 2016 » a rassemblé un millier de personnes en quelques jours.
D’après un sondage en ligne en cours sur Terre-net.fr et Web-agri.fr qui comptabilise à ce jour plus de 1 800 répondants, 70 % des agriculteurs sont favorables au boycott, tandis que 24 % ne le souhaitent pas mais estiment qu’il faudrait y afficher un message fort sur la crise agricole. Seuls 4 % ne jugent pas utile de boycotter ou de manifester.
Y aura-t-il des animaux Porte de Versailles ?
Que les agriculteurs n’y aillent pas est une chose, que les animaux ne soient pas présents en est une autre. Les agriculteurs ne sont d’ailleurs habituellement pas très nombreux à se rendre Porte de Versailles, surtout les années où il n'y a pas de Sima (salon du machinisme agricole) c'est à dire les années impaires. Mais faut-il que les éleveurs amènent leurs bêtes ?
Chaque éleveur le sait, la sélection est rude avant de pouvoir mener un animal sur le ring du Hall 1. Il est donc difficile de croire que les éleveurs qui ont été sélectionnés cette année tirent un trait sur les concours d’un commun accord. Aucun syndicat ni organisme de sélection (OS) de race ne le souhaite, ni ne désire prendre la tête du mouvement de boycott. De plus, cela ne fonctionnerait que si toutes les races sont solidaires. L’OS Prim’holstein, sous l'impulsion de ses adhérents, a choisi de profiter de la tribune médiatique du Salon pour afficher un slogan fort « Je suis éleveur, je meurs » afin de montrer au plus grand nombre la situation économique catastrophique de tous les éleveurs français.
D’autre part, ce salon grand public attire les foules en pleine période de vacances scolaires des Parisiens. En cas d’annonce de manifestation de grande ampleur, les visiteurs - déjà refroidis par les menaces terroristes - ne jugeront pas souhaitable d’emmener leurs enfants ou petits-enfants dans les allées du Sia. Alors, si en plus il n’y a pas d’animaux, la 53e édition risque d’être un fiasco pour les milliers d’exposants qui ont chèrement payé leurs mètres carrés. Mais rien ne sert de s’alarmer outre mesure. Le Space, le salon des productions animales de Rennes, est par exemple très régulièrement menacé de boycott, pourtant les concours se sont toujours tenus et la foule ne désemplit pas dans les allées.
Est-ce utile ?
La question centrale reste de savoir si un boycott peut être utile ? Cela aurait sans doute le mérite d’alerter les consommateurs français sur leurs choix de consommation. Mais au vu des nombreux blocages de rocades et de périphériques, ils ne doivent pas être nombreux à ne pas encore être au courant.
Dans une moindre mesure, le boycott du Salon de l'agriculture peut servir à alerter les politiques. Le ministre de l'agriculture est parti à la chasse aux solutions à Bruxelles cette semaine mais, comme ses homologues belge, italien ou allemand, il est revenu bredouille. L’Irlandais ultra-libéral Phil Hogan, commissaire européen à l’agriculture, a bien « reconnu la gravité de la crise agricole et la nécessité de proposer de nouvelles mesures au Conseil du mois de mars ». Il viendra d'ailleurs à Paris rendre visite à Manuel Valls et Stéphane Le Foll le 25 février à la veille du salon.
La visite d’ouverture de François Hollande – qui a promis de se prononcer sur la situation des agriculteurs avant le salon – s’annonce très tendue. Le chef de l’Etat devrait s’y rendre le samedi matin à la première heure, sous très haute sécurité.
Une chose est sûre, ce n’est pas le boycott du salon qui fera remonter le prix de la poudre de lait qui s’échange entre la Nouvelle-Zélande et la Chine, celle-là même qui dicte le prix perçu par l’ensemble des producteurs français et mondiaux.

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