
L’apport d’amendements basiques sur les prairies de longue durée, qu’elles soient temporaires ou permanentes, doit se raisonner selon leurs caractéristiques : pH initial, fauche ou pâturage, engrais organiques ou minéraux, prairies humides ou séchantes... Au-dessus d’un pH eau de 5,5, il ne semble guère nécessaire de chauler les prairies.
Les sols s’acidifient naturellement sous l’effet de la respiration des micro-organismes et des racines. Certaines pratiques, comme la fauche sans apport de matières organiques (MO) et l’utilisation d’engrais azoté minéral, accentuent le phénomène d’acidification des sols.
En prairie de longue durée, le chaulage doit permettre de maintenir le pH eau supérieur à 5 dans l’horizon 0-5 cm et supérieur à 5,5 dans l’horizon 5-10 cm. Mais plusieurs essais confirment qu’il y a peu de relation directe entre le chaulage, le rendement de la prairie, la qualité des fourrages et l’évolution de la flore pour les prairies dont le pH est supérieur à 5 voire 5,5. Par contre, il est nécessaire de redresser le pH des sols inférieur à 5,3 (voir tableau Comifer). En effet, lorsque les sols sont très acides (pH eau < 5), il y a un risque de toxicité alumique. L’aluminium devient toxique pour les végétaux et limite la croissance racinaire. Sous prairie, la teneur élevée en matière organique dans la couche de surface réduit les risques de toxicité.
| Très acide | Acide | Faiblement acide |
Ph eau 0-5 cm | < 5 – 5,3 | 5,3 – 5,8 | > 5,8 |
Prairies à bon potentiel | Redressement | Entretien | Impasse |
Prairies de longue durée des milieux difficiles | Redressement | Impasse | Impasse |
Comifer 2009 / CA Pays de la Loire
Stimuler l’activité biologique
Le chaulage permet de stimuler l’activité biologique du sol (bactéries et vers de terre) et accroît temporairement la minéralisation de la matière organique qui peut représenter de 30 à 60 kg N/ha/an. La réponse est d’autant plus forte que le pH initial est acide et la quantité de CaO apportée importante.
Contrairement à la fertilisation minérale, les engrais organiques ont tous des effets positifs sur le maintien du pH. Ainsi, 1 tonne de fumier de bovin contient 2 à 5 kg de CaO et 1 tonne de compost de fumier de bovin contient 8 à 10 kg de CaO. Mais la prairie de longue durée est un milieu complexe qui interagit avec le climat, l’état initial du sol, les pratiques culturales, du coup la quantification des effets des apports n’est pas aisée, d’où l’intérêt de surveiller régulièrement le pH des parcelles.
Sur les parcelles soumises à des excès d’eau marqués (fréquemment inondées), le chaulage n’apportera aucune amélioration sur le rendement, car le pH acide n’est pas le premier facteur limitant. Par contre, sur les prairies de coteaux, séchantes et acides, il peut permettre d’améliorer la productivité.
Pas de surchaulage
Les amendements basiques cuits (chaux vive ou chaux vive magnésienne) ont une rapidité d’action supérieure aux produits crus : amendements calcaires ou calcaro-magnésiens. Plus les particules sont fines et plus l’action est rapide. Mais pour les prairies de longue durée, la vitesse d’action est secondaire et l’éleveur est plutôt dans une dynamique d’entretien que de redressement. Les calcaires broyés ou carbonates humides sont à privilégier car le coût de leur "unité neutralisante" est moins cher que les produits crus.
Il faut compter un apport d’environ 250 kg/ha de CaO/ha/an pour un entretien et jusqu’à 1 tonne de CaO/ha tous les quatre ans pour un redressement. Dans l’Ouest de la France, les Chambres d’agriculture estiment que l’acidification naturelle des prairies nécessite un apport de 100 à 300 kg d CaO selon l’importance des restitutions organiques (lisier, fumier, pâturage), et la fertilisation minérale.
Dans tous les cas, attention au surchaulage. Un pH supérieur à 7 peut entraîner des risques de blocage d’oligoéléments comme le bore qui devient inaccessible aux légumineuses telles que le trèfle ou la luzerne qui ont de forte exigence en bore.
Peu d’effets sur le rendement
Les essais réalisés durant quatre ans (2008-2012) par les Chambres d’agriculture des Pays de la Loire ont montré que l’intérêt, ou non, du chaulage dépend beaucoup du mode d’exploitation des prairies. Ainsi, pour une prairie de conduite en fauche exclusive (1 ou 2 fauches/an) et sans retour de MO (fumier ou déjections), les différents produits testés (chaux vive, carbonate sec, maërl pulvérisé / lithotame) n’apportent pas de réponse significative sur le rendement en herbe. D’autant que ces prairies étaient majoritairement peu acides (pH eau 5,7 à 7,1).
| CaO % | MgO % | Valeur neutralisante VN | Doses de CaO apportées /ha | Prix €/u. VN | Coût €/ha/an |
Chaux vive, produit cuit | 92 | 1 | 93 | 1 t CaO/ha pour 4 ans | 0,19 | 47 € |
Carbonate pulvérisé, produit cru | 54,5 | 0,5 | 55,2 | 1 t pour 4 ans ou 250 kg/an | 0,11 | 27 € |
Maërl pulvérisé (Lithotamme), produit cru | 42,5 | 3 | 46,7 | 250 kg pour 4 ans ou 150 kg/an | 0,32 | 81 € ou |
Essais Chambres d’agriculture des Pays de la Loire 2008-2012
La moitié des éleveurs chaulent leurs prairies
D’après un sondage en ligne en mars 2016 auprès de 664 lecteurs de web-agri.fr, 48,5 % des éleveurs répondant chaulent leurs prairies régulièrement (12,5 % tous les cinq ans ou plus ; 20,5 % tous les trois ou quatre ans ; 10,1 % une année sur deux et 5,3 % au moins une fois par an). 15,1 % des éleveurs ne chaulent pas car ils estiment que leurs sols n’en n’ont pas besoin, tandis que près d’un tiers des éleveurs pensent qu’il faudrait sans doute chauler leurs prairies mais ne le font pas.
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