Yan Mathioux, nutritionniste du BDM, fait le point sur les rations d’engraissement en toute autonomie qui fonctionnent. À moins de 2 €/j/bovin, il est effectivement possible d’atteindre des poids et rendements carcasse plus que corrects à condition de distribuer des fourrages de qualité.
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« On n’a rien inventé, engraisser des animaux sans rien acheter existe depuis longtemps. Ces rations reviennent aujourd’hui pour des raisons économiques d’abord, mais aussi pour répondre aux demandes des consommateurs. » Yan Mathioux, nutritionniste et cofondateur du cabinet de nutritionnistes BDM, explique : « Pour être autonome en énergie c’est simple : on se tourne vers la céréale. Pour la partie protéine, ça passe par les légumineuses mais aussi l’ensilage d’herbe précoce ou l’ensilage multi-espèces qui est assez complet. »
Un stock de fourrage de qualité
Si l’autonomie alimentaire est envisageable, elle se maîtrise : ça passe par un stock sécurisé et de la qualité. Pour ne pas tomber dans l’extrême extensif, qui signifie des durées d’engraissement beaucoup plus longues, il faut compter sur plus d’hectares de fourrages. « Qui dit plus de fourrages, dit moins de cultures de vente mais vu les marges en céréales, ce n’est pas très grave. De plus, si le prix des céréales monte, celui des aliments grimpe encore plus… », assure Yan.
Avec un coût de 2€/j/bovin, on peut prendre plus de temps pour fini les bêtes
« Pour être autonome, il faut être capable de nourrir tous les animaux sans souci de volume. Incorporer beaucoup de fourrages est bon pour la santé du rumen. De plus, avec un coût autour de 2€/j/bovin, on peut travailler sereinement et laisser venir la viande et le persillé plutôt que se dépêcher à finir la bête parce qu’on est à 3,5 € voire 4 €/j/bovin. »
Pour se permettre d’arrêter le tourteau, il faut avoir d’excellents fourrages. Ça passe par des ensilages d’herbe ou de multi-espèces à plus de 17 ou 18 de MAT et 0,9 UF minimum. L’ensilage de méteil doit dépasser 18 de MAT et 0,8 UF, et l’ensilage de légumineuse être supérieur à 20 de MAT.
Des rations à base de luzerne
Concernant la durée d’engraissement, l’expert assure : « Sur des taurillons, on est sur 1,6 – 1,8 kg de GMQ, ce qui est plutôt normale pour des rations humides. Sur des femelles, on met en général un peu plus de temps mais c’est souvent parce que les éleveurs en profitent pour bien finir les animaux et sortir des notes de carcasses haut de gamme car la ration qui leur coûte moins chère le permet. »
Le nutritionniste détaille un exemple de ration mise en place chez l’un de ses clients, naisseur engraisseur de Charolais (ration des vaches et génisses) :
Aliment | Quantité (kg brut) |
Enrubanné de luzerne (38 % MS) | 20 |
Maïs grain | 5 |
Blé tendre | 2 |
Sel marin, sel gemme | 0,03 |
« On est sur une base d’enrubannage ou d’ensilage de luzerne selon la période avec un fort taux protéique grâce à une récolte précoce. Les 20 kg bruts dans la ration représentent à peu près 8 kg de MS. On ajoute à ça des céréales, si possible deux différentes : une plutôt lente avec le maïs grain et une céréale à paille, ici du blé tendre. On arrive à sortir environ 500 kg de carcasse sur les multipares et 460 en primipares avec une ration qui tourne entre 1,5 et 1,7 €/vache/j. »
Sur des races plutôt gourmandes et à gros gabarits comme la Blonde d’Aquitaine, Yan affirme : « Ce sont des animaux qui savent aussi valoriser les fourrages mais ces derniers ne doivent pas être moyens : même à 16 de protéines, ce qui est pourtant déjà bon, ça ne suffira pas. Pour la finition en revanche, on peut se tourner vers des protéagineux (pois, féverole ou vesce) ou des oléoprotéagineux (lin, soja, colza) en graine entière ou en tourteau gras fermier mais leur coût de production étant élevé, ça ne peut pas être la base de notre stratégie ».
La viande du nutritionniste : une nouvelle filière
« De telles rations assurent au consommateur une alimentation non OGM, une belle couleur de viande et une bonne finition des carcasses. La maturation est simplifiée car il y a moins d’ensilage de maïs. Enfin, on reste sur du local. Ce sont de vrais arguments pour le consommateur », affirme l’expert.
Si les nutritionnistes du cabinet BDM ont accompagné les éleveurs à produire des bêtes de qualité avec une alimentation 100 % autoproduite sur la ferme, ils étaient finalement frustrés de voir partir cette viande en GMS. C’est pour cette raison qu’ils ont créé “La viande du nutritionniste” en achetant les carcasses aux producteurs pour s’occuper ensuite de la revente en colis. « Nous avons créé cette filière en circuit court avec 7 éleveurs. Ils seront d’ailleurs bientôt 10. La viande est donc directement vendue en caissettes aux consommateurs ou aux restaurateurs. Le cahier des charges est simple : l’alimentation ne doit provenir que des productions de la ferme (sauf les minéraux ou le sel qui sont achetés à l'extérieur). »
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