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ClimalaitDes éleveurs aux manettes du changement climatique dans les Mauges

À travers le programme Climalait, initié par l’interprofession laitière, dans 30 micro-régions laitières françaises, des éleveurs ont pu réfléchir à adapter leur système de production, au travers d’un jeu, le Rami Fourrager. Explication dans la région des Mauges.

Vaches laitières au pré
Dans les Mauges, les années à venir devraient être marquées par un démarrage en végétation plus précoce qui  permettra d’avancer la mise à l’herbe. (©Terre-net Média)

« Ensiler une partie des céréales ou les valoriser à travers des rations paille alimentaire + grain, maintenir ou développer la luzerne, mettre en place davantage de couverts hivernaux (ray gras, seigle, triticale) récoltés tôt soit avant le semis du maïs, mettre en place de la betterave à distribuer ou faire pâturer, déléguer l’élevage des génisses, garder un deuxième troupeau (taurillons) qu’on pourra éventuellement réduire face à un aléa, etc. », telles sont quelques-unes des multiples solutions qu’ont trouvé, ensemble, éleveurs et techniciens dans la région des Mauges (Maine-et-Loire) lors d’une partie de Rami fourrager, ce « serious game » inventé par l’Institut de l’élevage. Pour accompagner ce jeu, plusieurs modèles de prévisions climatiques ont été utilisés avec des prévisions à l’horizon 2030-2060, voire plus, dans le cade d’un programme plus large, Climalait1.

Du micro-climat à l’évolution des systèmes d’élevage

Au final, dans les Mauges, « les températures moyennes sont en augmentation [...], notamment en ce qui concerne les maximales. Au printemps, cette augmentation pourrait permettre d’avancer la mise à l’herbe. En été, elle se traduirait par une augmentation des épisodes caniculaires, qui impliquent un arrêt de la croissance voire la mort de certaines espèces prairiales, et un stress thermique plus ou moins marqué chez les animaux. Les précipitations sont variables d’une année sur l’autre, et cette variabilité se retrouve dans le futur », selon les résultats de l’étude.

Cette évolution se traduit sur le plan agricole par « un démarrage en végétation plus précoce accompagné de bonnes conditions au printemps, qui permettent d’avancer la mise à l’herbe, les premières coupes et les semis des cultures de printemps. Conséquence de l’augmentation des températures, les rendements restent stables voire en légère hausse pour ces coupes précoces, malgré un cycle de croissance raccourci ». Pour le maïs, « on observe une avancée des dates de floraison et récolte, pour des rendements stables ou en légère hausse. La variabilité inter-annuelle des rendements reste importante, notamment sans irrigation », constate l’étude.

Des éleveurs « plutôt rassurés »

Christophe Bretaudeau
Christophe Bretaudeau (©Gaec Eole)
« L’expérience Climalait nous a tous plutôt rassuré qu’inquiété, commente Christophe Bretaudeau du Gaec Eole en Maine-et-Loire . Nous sommes dans une région finalement pas trop mal lotie malgré le changement climatique. Nous savons qu’il y aura des années plus compliquées mais cela n’est pas si catastrophique. Il faudra imaginer des bâtiments plus aérés donc plus hauts ou avec des ventilateurs pour les fortes chaleurs estivales, prévoir de garder les animaux à l’intérieur et de les faire pâturer la nuit, augmenter les capacités de stockage des fourrages et essayer de valoriser l’herbe au bon moment. Cela signifie aussi trouver du matériel rapidement pour récolter les fourrages dans un créneau de temps limité. La Cuma vient, par exemple, d’acheter une enrubanneuse pour récolter plus facilement l’herbe d’automne. Pour le maïs, cette année, pour une même date de semis par rapport aux autres années, nous l’avons récolté quinze jours plus tôt ! Cela montre aussi qu’il nous faudra jouer sur les dates de semis et les types de variétés, plus ou moins précoces. »

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Changement climatique

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