Patrice Gourbin a étudié les évolutions du bâti agricole lors de sa reconstruction, après la Seconde Guerre mondiale, notamment celles des fermes laitières.
La reconstruction de la France d’après-guerre à partir des années 1950 a également été agricole. Un fait historique qui est encore imprimé dans l’architecture de nombreuses fermes de Normandie, d’Alsace ou des Vosges, qui ont connu des destructions partielles ou totales. « Dans la Manche et le Calvados, on estime à environ 10 % la part des exploitations qui furent totalement détruites, soit 2 000 fermes, sachant que 30 à 40 % des exploitations avaient subi des destructions partielles. Et quasiment toutes les fermes de l’époque avaient une activité laitière », retrace Patrice Gourbin, historien, professeur à l’école d’architecture de Rouen et auteur de La Reconstruction du bâti agricole dans le Calvados après la Seconde Guerre mondiale, édité par la Société des antiquaires de Normandie et publié à la veille du 80e anniversaire du débarquement de Normandie, au printemps 2024.
La reconstruction de ces bâtiments agricoles s’est faite dans un contexte où l’État français accordait un « droit à la réparation à 100 % » avec la volonté de moderniser les structures agricoles par des bâtiments fonctionnels, légers, productifs et peu coûteux à mettre en place. « Ce qui a suscité dès le départ des tensions du fait de la volonté des propriétaires de reconstituer également la valeur patrimoniale de leurs biens par de beaux corps de ferme en pierre taillée », souligne l’historien.
La reconstruction a toutefois pu, en partie, jouer ce rôle de laboratoire de nouvelles techniques de production laitière avec la mise en place de normes très précises de ventilation des premières stabulations libres, de salles de traite, de bâtisses en couloir. Il faut aussi se rendre compte que tous ces chantiers ont intégré des aspects administratifs complexes avec l’implication de la Maison du Paysan, qui fédérait une myriade de syndicats agricoles et accueillait la CRHR (Coopérative de reconstruction de l’habitat rural).
« Cette période a donné lieu à une spécialisation nette des bâtiments entre zones d’habitation, zone d’élevage, zone de magasin pour le stockage et zone pour les matériels, la charretterie. » Même si la généralisation du tracteur était envisagée, une place était toujours prévue pour les chevaux de trait, encore massivement utilisés dans les années 1950.
La reconstruction a aussi été celle du cheptel laitier. La croissance du troupeau par les naissances était reconnue et compensée via un système sophistiqué. Cependant, dans une zone aujourd’hui céréalière comme la plaine de Caen, de nombreux bâtiments ont rapidement perdu leur vocation laitière pour devenir des hangars et parfois des habitations.
Les campagnes passaient après les villes
« Ce sont des volumes qu’il a été assez facile de reconvertir pour un usage domestique, note l’historien, avec cependant le frein administratif majeur de l’obligation de maintenir la vocation agricole. Finalement cette période a-t-elle réellement contribué à redresser l’agriculture française ? La question reste ouverte car la reconstruction s’est faite tardivement et encore plus dans les campagnes qui n’étaient pas prioritaires vis-à-vis des villes. Il faut imaginer que les agriculteurs et agricultrices n’avaient pas attendu l’État pour faire repartir l’activité. Ils et elles ont eu des vies très dures dans des baraquements et en reconstituant d’eux-mêmes leurs capacités de production. »
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