« IL NE FAUDRA JAMAIS OUBLIER LE SCANDALE DE LA VACHE FOLLE »

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Après onze ans de procédure au civil, Paul Vieille, victime de l'abattage total de son troupeau à la suite d'un cas d'ESB, n'a pas obtenu réparation auprès de son fournisseur d'aliments.

Nous avions rencontré Paul Vieille pour la première fois en 2003. Trois ans après l'abattage total de son troupeau pour cause d'ESB. Paul avait rassemblé dans un collectif les éleveurs victimes, comme lui, de cette maladie. « Nous ne retrouverons la sérénité que lorsque nous saurons qui a empoisonné nos vaches », nous disait-il alors. Douze ans après, les bagarres juridiques se sont closes en sa défaveur, même si le collectif Vérité ESB a obtenu l'arrêt de l'abattage total.

DÉMONSTRATION De l'histoire ancienne pour certains, mais la fille de Paul, elle, se souvient des coups de fil tardifs d'éleveurs qui demandaient à parler à son père en pleurant. « La consigne était de prendre les indemnités et de se taire, je m'y suis refusé. » Paul fut le seul éleveur à engager une procédure au civil contre son fournisseur d'aliments. Sa vache atteinte avait été élevée génisse chez son beau-frère. Nous savons aujourd'hui que le ruminant ne peut être contaminé que pendant ses premiers mois de vie. Ici, le fournisseur était la coopérative Terrena. « Par cette action au civil, je voulais démontrer qu'on nous avait vendu des aliments non loyaux, et aussi que les indemnités reçues ne couvraient pas mon préjudice. »

PRESCRIPTION Mais au tribunal, c'est au plaignant d'apporter les preuves pour convaincre le juge. Une bagarre d'experts que Paul perdra une première fois, à Nantes, en 2009. « Plus de dix ans après, les échantillons d'aliments n'existent plus, il ne reste que les formules fournies par le marchand. » Avant la procédure d'appel en 2011, il engage un travail de fourmi. « À partir des factures, j'ai noté sur un calendrier tout ce qu'a pu consommer mon animal pendant ses trente mois de vie et j'ai peaufiné mes arguments. À Rennes, le juge n'a même pas regardé le dossier, considérant qu'il y avait prescription. »

RECONSTRUCTION La Cour de cassation casse cet arrêt et un nouveau jugement a lieu à Angers, en février dernier. Paul perd et est condamné à verser 13 500 €. « La partie adverse a utilisé les arguments les plus scabreux, comme le fait que mon beau-frère avait des poules et achetait un sac d'aliments pour volaille tous les trois mois. Il en aurait donné à ma génisse... » Une chaîne de solidarité s'est organisée pour l'aider à payer cette somme : le collectif, des amis, des consommateurs, la famille. Il pourrait encore faire appel, mais il veut passer à autre chose, se consacrer à son entreprise : la production de lait bio, la transformation en fromages et la vente directe. Un modèle d'agriculture créateur de valeur ajoutée et d'emplois qu'il défend. Le traumatisme de l'ESB l'a conforté dans cette voie. « En tant que producteurs de produits alimentaires, nous, paysans, avons une responsabilité engagée auprès des consommateurs. Il ne faudra jamais l'oublier. »

DOMINIQUE GRÉMY

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,35 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 7,15 €/kg net +0,04
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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