« CE LIEN À NOS VACHES, NOUS LE VIVONS TOUS, MAIS PEU EN PARLENT »

© G. D.
© G. D. (©)

Il défend les systèmes herbagers et combat l'agriculture industrielle. Mais Éric Favre est d'abord un éleveur heureux. Il le dit et l'écrit dans un livre qui vient de paraître.

Il en a bavé, c'est sûr, lui qui n'est pas du milieu ! « Avoir été conseiller agricole ne te donne pas ces tours de main, cet héritage que laisse un père animalier à son fils. » Il en a même pleuré, avant de connaître les moments de plaisir qui font aujourd'hui son quotidien d'éleveur.

Mais à la différence de la plupart de ses collègues, ses ressentis il en parle. Et décrit volontiers, entre autres, cette relation si forte qui le lie à ses vaches.

NI SE PLAINDRE NI SE VANTER

« Je ne peux pas imaginer que mes collègues éleveurs ne ressentent pas cela, eux aussi. Mais, en agriculture, ce sont des choses que l'on ne se dit pas. Comme on ne dit pas que les affaires vont mal : ce serait se plaindre. Ni qu'elles vont bien : ce serait se vanter.. » De sa part, il n'y a pas là de jugement de valeur, mais le désir de comprendre, pour lui qui est « à la fois dedans et dehors de ce monde ». Cette position, estime-t-il, lui a donné plus de latitude dans ses choix : « Je n'étais pas contraint, rien ne m'était interdit… » Il en a usé, presque abusé – sous des regards parfois peu amènes – poussant son système herbager jusqu'au plein air intégral, une voie sur laquelle ses amis, même les plus tentés, hésitent à le suivre. « Je comprends cette réticence. Moi aussi, parfois, les nuits d'hiver, je me réveille et je pense à mes vaches… Pourtant je les sais en pleine forme. » Si l'auge bétonnée est couverte, son « local de vêlage » aussi est à ciel ouvert : c'est le « petit pré » qu'il peut surveiller depuis sa cuisine. De cette pratique du plein air et de la proximité qui en découle avec ses vaches et ses terres, il tire l'inspiration qui le fait parler des unes et des autres avec justesse et poésie. Sans impudeur, « mais avec la liberté, la chance, que me donne le fait de venir d'ailleurs ». L'homme, dont le rire franc dément l'apparente austérité, reste pour autant très « intérieur » et revendique le besoin de se retrouver souvent avec lui-même. « La traite est pour cela un moment privilégié, nécessaire. Ce rendez-vous biquotidien où les mains travaillent seules, c'est peut-être ce qui manque à beaucoup, à l'époque où le temps semble déstructuré. » Et c'est dans sa salle de traite, d'où il a résolument banni la radio, que ses pensées cheminent, l'aidant à résoudre tel ou tel problème technique ou économique, telle tension familiale.

INSTANTS DE GRÂCE

Parfois, il ne pense à rien, en des instants de grâce qu'il compare aux matines et complies de la vie monastique, « des moments dont je sors à tous les coups apaisé ». Ces sentiments, ces émotions, ces petites « gorgées de lait » quotidiennes, Éric Favre les relate dans un livre(1) accessible aux citadins comme à ses collègues éleveurs. Certains de ces derniers balanceront peut-être entre envie et sentiment qu'il est un peu « hors champ »… Un comble pour celui qui passe justement l'essentiel de ses journées au champ !

GWENAËL DEMONT

(1) « Devenir un agriculteur d'aujourd'hui ».Editions Ouest France, 192 pages, 15 €.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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