Le rapport de la Cour des comptes concernant les soutiens publics aux éleveurs de bovins, publié le 22 mai, fait grincer des dents. Pourtant, rien de bien nouveau ne s’y profile au vu des différents constats en élevage bovin : argent public finançant du patrimoine privé, difficulté de transmission du capital, choix de rémunération faible au profit de l’investissement, fragilité des modèles de production, difficulté à créer de la valeur ajoutée en élevage allaitant, manque de structuration et de contractualisation dans la filière viande, dépendance aux importations de tourteaux de soja, etc. La liste est longue. Et effectivement les soutiens publics pour l’élevage bovin sont conséquents. Elle est « l’activité agricole la plus aidée, avec un total d’aides publiques de 4,3 Md€, hors aides fiscales et sociales », titre la Cour des comptes. « En 2020, alors que le montant moyen de subventions par exploitations est de 33 618 €, il est de 36 152 € en bovin lait et de 50 302 € en bovins viande », continue-t-elle, tout en attirant cependant l’attention sur la « disparité des situations » économiques des éleveurs. Ainsi, « le taux de pauvreté des ménages d’éleveurs de bovins allaitants s’établit à 25,1 % en 2018, contre 18,1 % à l’échelle de l’ensemble de l’agriculture et 13 % à l’échelle des ménages ayant un revenu d’activité ».
Développer les races mixtes
Malgré ces constats amers, l’organisme reconnaît que l’élevage bovin est « producteur de services environnementaux et sociétaux considérables. Il valorise des terres non arables. Son rôle dans la gestion du cycle des matières, permettant de limiter les engrais synthétiques, amène à considérer qu’une agriculture sans élevage n’est pas soutenable. Par ailleurs, son importance dans les territoires ruraux, pour l’emploi, pour leur identité, pour la qualité des paysages, pour la biodiversité ou le bien-être animal, doit être prise en compte pour orienter la politique de soutien à l’élevage bovin. »
Là encore, rien de bien nouveau, excepté finalement la recommandation de « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques du Global Methane Pledge signé par la France ». Autrement dit, le rapport dénonce ouvertement une incohérence des engagements environnementaux pris par l’État entre le Plan stratégique national (Pac 2023-2027) versus la loi Énergie Climat de 2019 et l’accord Global Methane Pledge (Cop 26). Le rapport incite donc à « une nécessaire mise en cohérence des engagements pris par l’État » en réduisant le cheptel bovin en France, en accompagnant cette décapitalisation – somme toute déjà en route – et à ce que les filières lait et viande travaillent davantage main dans la main.
Marc Fesneau a répondu indirectement à la Cour des comptes, le 24 mai au Sénat, en plus d’un Tweet remarqué, en qualifiant de « choquant » de ne proposer comme « seule perspective à un éleveur […] de ne plus être éleveur » et cela d’autant plus que, sur certaines zones du territoire, « il n’y a pas d’autres solutions que de faire de l’élevage ». Quant à la souveraineté alimentaire du pays, il reste difficile de mettre le lait et la viande dans le même sac au vu des différences de marchés et de valorisation des produits. Cela dit, l’avantage indéniable d’une vache laitière est bien de produire du lait et de la viande… Pour une même quantité de méthane !
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