
Les trois associés veulent améliorer la tenue de leur fumier. La mise aux normes de la fumière est l'occasion de réfléchir à un système de gestion plus pertinent.
LE GAEC DES TROIS VALLÉES FAIT PARTIE DE CES ÉLEVAGES qui sont en zone vulnérable depuis 2012. L'exploitation est implantée en sous-zone B, ce qui détermine la durée minimale de stockage du lisier et du fumier : respectivement quatre mois et demi et quatre mois pour les vaches laitières et les élèves qui sont plus de trois mois hors bâtiments. Avec un pâturage du début avril à la fin novembre. C'est le cas du troupeau du Gaec. Les pouvoirs publics ont fixé la date butoir de mise aux normes au 1er octobre 2016. La structure est équipée aujourd'hui d'une fumière couverte de 675 m2 en bout de stabulation dans laquelle les trois racleurs déversent, quatre fois en vingt-quatre heures, le produit des trois couloirs. Les génisses et les taurillons sont sur litière accumulée. Les eaux vertes et blanches de salle de traite sont dirigées vers un décanteur, qui les rejette épurées sur les prairies via des tuyaux déplaçables. Il n'y a pas de fosse à lisier.
« EN FINIR AVEC LE FUMIER MOU QUE LES LOGETTES PAILLÉES FABRIQUENT »
« Les trois rangées de logettes paillées, complétées d'un couloir uniquement pour des cornadis, produisent un fumier qui ne nous satisfait pas », confient les trois associés Patrice Gouin, Olivier Mauny et Denis Evette.
C'est l'inconvénient des logettes paillées. Les associés les paillent pourtant abondamment trois fois par semaine pour respecter les 3 kg/VL/j. « Le couloir des logettes dos à dos fournit un produit raclé adapté à la fabrication d'un fumier compact. En revanche, le couloir d'alimentation avec une rangée de logettes donne un produit mou, celui sans logettes un produit liquide. Il est difficile dans ces conditions d'obtenir un fumier compact, pouvant être monté haut. » Ils y remédient en curant les litières accumulées des génisses et des jeunes bovins à tour de rôle. Cela permet, une fois toutes les deux à trois semaines, de mélanger un produit très pailleux au fumier de la stabulation laitière. « Nous pourrions augmenter la quantité de paille par vache, mais les vaches se coucheraient dans les couloirs, au détriment de leur propreté et de la qualité du lait. » Patrice, Olivier et Denis préfèrent voir comme une opportunité le classement de leur élevage en zone vulnérable. C'est l'occasion pour eux de rebattre les cartes. La fumière date de 1996. Elle a été construite dans le cadre du PMPOA 1 qui n'était pas conditionné à la directive nitrates. 400 m2 suffisaient à cette époque pour les 50 à 60 vaches et les jeunes bovins. « Préférant anticiper une évolution de notre élevage, nous avons construit plus. » C'est ce qui s'est passé. Le troupeau laitier a doublé en presque vingt ans. La capacité de stockage est devenue limitée. « Quand nous n'étions pas soumis à des périodes d'interdiction d'épandage, si la fumière était pleine vers la fin de l'hiver, nous stockions le fumier en bout de champ. Ce n'est pas du bon travail. Nous tassons ainsi le sol. » Désormais, ils attendent avec impatience le 15 janvier pour désengorger la fumière. Une solution provisoire avant de débuter la mise aux normes en 2015.
« GAGNER EN CONFORT ET EN SOUPLESSE AGRONOMIQUE »
Les calculs d'Orne Conseil Élevage, que les trois associés ont sollicité le 18 décembre, montrent que l'élevage n'est plus aux normes (quatre mois de stockage du fumier pour l'atelier lait et six mois pour la viande). Il faudrait 120 m2 de fumière en plus. « Nous voulons améliorer nos conditions de travail par moins de manipulations et gagner en souplesse de stockage pour épandre dans de bonnes conditions », insiste Olivier. « Le tout dans une logique de transmission de notre outil de production. L'une des conditions est qu'il soit aux normes », complètent Patrice et Denis qui, à 50 ans, commencent à se projeter dans cette perspective. François Normand, « le » Monsieur Nitrates d'Orne Conseil Élevage, leur conseille d'installer un égouttage du produit en sortie des trois couloirs de raclage. « Dans l'hypothèse de 40 % de lisier obtenus auxquels on ajoute quatre mois de stockage des eaux de salle de traite que l'on a dérivées vers la fosse pour diluer le lisier, il faudra un ouvrage de 940 m3. Avec ce système, la fumière actuelle est conforme », évalue François Normand. Dans ce calcul, le Gaec choisit un stockage du lisier de six mois, soit un mois et demi de plus que ce qui est demandé actuellement et un stockage du fumier de quatre mois, donc aux normes actuelles. Coût de l'investissement hors épandage : 60 000 € en fosse bétonnée et 35 000 € en fosse en géomembrane, ceci sans projet de développer le lait ces prochaines années. « Nous préférons anticiper une évolution de la réglementation vers un stockage du lisier à six mois si dans le contentieux entre la France et Bruxelles, la France n'obtient pas gain de cause. Et si le stockage du fumier au champ est interdit, nous avons la possibilité d'agrandir la fumière. »
Le respect de la directive nitrates, c'est aussi la couverture des sols l'hiver et un plan prévisionnel de fumure. Pour la première, cela ne pose pas de problème au Gaec. Pour le second, il en réalise un depuis des années.
C. H.
Pour en finir avec ce fumier mou, un égouttage sera mis en place en sortie de raclage. Le lisier sera emmené par gravité vers la fosse. Si le stockage du fumier au champ était interdit, la fumière pourrait être agrandie.
Calculette en main, François Normand, d'Orne Conseil Élevage, estime qu'il manque 120 m2 à la fumière avec l'organisation actuelle.
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