« J'AI CHOISI DE M'AGRANDIR POUR POUVOIR RECRUTER »

© MARIE FAGGIANO
© MARIE FAGGIANO (©)

Convaincu de la souplesse d'organisation qu'offre la présence d'un salarié, Joseph Grimm a clairement choisi l'agrandissement pour atteindre le seuil de rentabilité lui permettant de recruter.

LORSQUE JOSEPH GRIMM S'INSTALLE EN 1990 EN GAEC AVEC SES PARENTS, l'exploitation familiale produit 270 000 litres de lait. Son projet JA prévoit alors la construction d'une stabulation neuve en remplacement de l'étable entravée et, dans ce cadre, il bénéficie d'une attribution de quota de 60 000 litres supplémentaires. Dix ans plus tard, alors que sonne l'heure du départ à la retraite de ses parents, les transferts de quotas successifs ont porté le droit à produire à 450 000 litres de lait . Un niveau à peine suffisant pour rentabiliser le coût d'un salarié, évalué par l'éleveur avec son centre de gestion à 500 000 litres de lait. « Dès le départ, mon objectif était de m'agrandir. Pas pour la gloire, mais pour embaucher, pour gagner en souplesse dans l'organisation du travail au quotidien et pour des raisons de qualité de vie évidente, explique Joseph, marié et père de deux enfants. Sans main-d'oeuvre supplémentaire, en travaillant 365 jours par an, il était possible de gérer l'exploitation avec mon épouse, d'autant plus que mes parents sont là pour m'aider. Mais je souhaitais aussi les préserver. Sinon ils n'arrêteraient jamais de travailler. Et surtout, deux accidents de travail rapprochés ont révélé la fragilité de mon système. J'ai appelé le service de remplacement en urgence qui n'avait pas de salarié immédiatement disponible. C'est un élément qu'il faut prendre en compte en exploitation individuelle : le besoin de pouvoir s'appuyer sur quelqu'un qui puisse rapidement vous seconder. »

« LE GROUPEMENT D'EMPLOYEURS N'OFFRE PAS ASSEZ DE SOUPLESSE »

Dès lors, différentes options ont été envisagées. Trop incertaine, l'idée d'une association n'a pas été retenue, à la différence de celle du groupement d'employeurs. « J'ai mené une réflexion avec quelques éleveurs, mais elle n'a pas abouti car nous avions les mêmes contraintes, et donc les mêmes besoins de main-d'oeuvre au même moment », explique Joseph Grimm. Quant au recours à l'automatisation, il ne répondait pas à ses objectifs : « Le robot implique d'être présent, ne serait-ce qu'en cas de panne. Il n'offre pas la même souplesse qu'un salarié qui, lui, sait être polyvalent et prendre part à tous les travaux de l'exploitation. » C'est finalement son apprenti qui sera embauché en 2010 avec un contrat à durée indéterminée (Smic + 20 %) à l'issue de son parcours CAPA-BEPA de quatre ans entièrement réalisé sur la ferme. La phase de croissance continue de l'exploitation aura donc permis de dégager la rentabilité nécessaire à cette embauche. En effet, le droit à produire atteint aujourd'hui 610 000 litres de lait pour une charge de main-d'oeuvre de 29 000 € (charges patronales comprises). « J'ai eu la chance que Guillaume fasse ses preuves pendant sa période d'apprentissage. C'est une opportunité qui m'a évité de passer des annonces et de faire des entretiens d'embauche pour recruter un salarié. Autant de démarches pour lesquelles les agriculteurs ne sont pas préparés », explique-t-il.

Cela n'a pas empêché Joseph Grimm de suivre une formation auprès de la chambre d'agriculture sur le management de la main-d'oeuvre salariée. « Aujourd'hui, j'apprécie la souplesse de travail et l'amélioration de la qualité de vie qu'offre la présence du salarié. Nous pouvons prendre une semaine de congés en famille tous les ans et nous libérer du temps le week-end, mais sans pour autant nous absenter de la ferme. Toujours dans cette optique de gagner encore davantage de flexibilité dans l'organisation du travail, j'envisage de poursuivre l'augmentation de la production. Cela passera par un nouveau site et certainement par une nouvelle embauche ».

JÉRÔME PEZON

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
journée technique sur la tuberculose bovine

La tuberculose bovine fait frémir les éleveurs bas-normands

Maladies
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe

Tapez un ou plusieurs mots-clés...