
Antoine Thibault a employé Florian Monka dans le cadre d'un contrat d'apprentissage qui vient de prendre fin. Regards croisés sur deux ans de collaboration.
FLORIAN MONKA A TERMINÉ SON CONTRAT D'APPRENTISSAGE LE 31 AOÛT. En alternance avec sa formation de BTS ACSE (gestion), pendant deux ans, il a travaillé par période de quinze jours à quatre semaines sur l'exploitation d'Antoine Thibault. « Je supportais mal d'être tout le temps assis. J'avais besoin de mettre en pratique ce que l'on nous enseigne. »
Installé depuis douze ans et père de quatre enfants, Antoine, lui, souhaite prendre des engagements professionnels, être plus présent le soir et le week-end auprès de sa famille et prendre des vacances.
À l'embauche de Florian, ils conviennent du partage des travaux d'astreinte. La journée débute à 8 heures. L'hiver, à Antoine le lancement de la traite pendant que Florian paille l'aire de couchage, rabote les couloirs au tracteur et soigne les veaux. Il prend le relais de la traite qu'il finit, tandis qu'Antoine alimente les vaches et réfléchit à l'organisation de la journée avant la pause-café. Le rabotage et la traite du soir sont effectués par Florian. Il ne travaille pas le mercredi. En contrepartie, il trait et assure les soins aux animaux un week-end sur deux, du vendredi soir au dimanche soir. L'été, lorsqu'il est sur l'exploitation, le jeune est chargé de tout ce travail d'astreinte - qui est allégé - matin et soir. « En général, mon père ou moi allons chercher les vaches à la pâture », précise Antoine.
PREMIERS JOURS
F.M. : « Ce n'est pas une étape évidente. Il fallait que je voie tout de l'exploitation, avec beaucoup d'informations à enregistrer rapidement. Elles ne sont pas acquises une fois pour toutes. Au début, à chaque retour en stage, je m'en réimprégnais. »
A.T. : « Il faut être pédagogue, accepter de passer du temps à la mise en route de la personne et ne pas hésiter à rédiger des protocoles. C'est ce que j'ai fait pour le démarrage et l'arrêt de la machine à traire. »
HIÉRARCHISER
F.M. : « J'aime que les choses soient rangées. Les premiers mois, j'avais tendance d'abord à ramasser une bâche qui traînait, par exemple, au lieu d'attaquer les soins aux animaux. Je me posais en fait beaucoup de questions dans la priorité des tâches. Par exemple, fallait-il que je découvre d'abord le silo ou que je paille les vaches ? Les consignes claires et hiérarchisées qu'Antoine me donnait au départ m'ont aidé. Si elles sont écrites, par temps de pluie, je photographie la feuille avec mon téléphone portable. Si elles sont transmises oralement, je les note sur mon portable. »
A.T. : « Salarié comme employeur, chacun a sa vision idéale de l'exploitation. Mes priorités sont zootechniques : tous les animaux doivent être nourris, correctement abreuvés et paillés. Ranger la bâche passe au second plan. Selon la période, les priorités peuvent changer. C'est le cas pendant les ensilages. Les tâches quotidiennes sont menées efficacement pour démarrer vite. À moi de bien expliquer la façon dont je souhaite que le chantier se déroule. On peut avoir des façons de l'appréhender différentes. Le café du matin est, pour cela, très utile. Pour un employeur, établir le programme de la journée est compliqué. À lui de bien l'organiser pour optimiser le travail des deux personnes. »
MOTIVER
F.M. : « J'aime connaître la stratégie de l'entreprise. Cela donne du sens à mon travail. Par exemple, après l'année 2012 tendue, Antoine avait besoin de reconstituer sa trésorerie. J'étais encore plus motivé pour obtenir un lait en qualité super A toute l'année. De même, être impliqué dans les décisions de l'entreprise et participer aux formations aux côtés d'Antoine est valorisant. »
A.T. : « Consacrer de temps en temps une ou deux heures pour échanger sur les enjeux immédiats ou sur la stratégie à moyen terme n'est pas du temps perdu. Le métier est exigeant. Il faut savoir reconnaître le travail bien fait et partager les succès, pourquoi pas sous forme de primes. Cela peut être en fonction de l'EBE, qui est le reflet de l'efficacité de l'entreprise. Sous les 80 000 €, je n'applique pas de prime. Entre 80 000 et 100 000 € : un demi-salaire. Au-delà : un salaire. »
Florian Monka : « Pour Antoine, des animaux bien alimentés, paillés et abreuvés passent avant tout. » © C.H.
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