Le constat d'échec est unanime : les mesures proposées lors des précédentes réunions consacrées à la crise laitière, en particulier à une régulation volontaire des volumes, n'ont en rien agi sur les volumes de lait produit. Le marché mondial est saturé, et l'UE est en grande partie responsable de cet excédent de lait.
Une réunion se tenait le 25 au soir à Bruxelles, réunissant les syndicats européens (Copa-Cogeca, EMB, Via Campesina). Ce jeudi, avait lieu l'audition du commissaire à l'Agriculture Phil Hogan par le Parlement européen, alors que la Commission elle-même reconnaît l'échec des mesures mises en place.
Syndicats et eurodéputés de différents bords sont montés au créneau, à coup de communiqués et de déclarations. Du côté français, la Confédération paysanne constate qu'« opérateurs et États membres se renvoient la balle, attendant chacun que les autres fassent le premier pas. Pendant ce temps-là, la situation des éleveurs continue de se dégrader, avec de plus en plus de cessations d'activité. » Le syndicat prône d'urgence « un engagement obligatoire et immédiat de réduction de la production ». Il estime que « c'est aux parlementaires européens d'avoir le courage de prendre une décision en ce sens, puisque Conseil et Commission n'assument pas leur rôle. À terme, une réforme en profondeur de l'OCM est nécessaire pour établir des mécanismes de prévention des crises, à l'instar d'une gestion dynamique de la production ».
Ouverture d'une adjudication pour la poudre de lait écrémée
Lors d'une intervention pendant la séance, l'eurodéputé Jean Arthuis (UDI) a appelé les parlementaires et la Commission à « instituer des mécanismes européens d'ajustement de l'offre et de la demande, dans la logique de l'article 222 de l'OCM ». Il suggère de « confier aux associations regroupant les producteurs, les AOP, la charge de réguler les volumes livrés. Un système assuranciel conditionné au respect de telles directives serait de nature à motiver les éleveurs pour restreindre efficacement leur production de lait, compensant ainsi les pertes momentanées de revenus. Le dispositif serait financé par un prélèvement dans les conjonctures de prix élevés. »
À la sortie de l'audition, l'eurodéputé Michel Dantin (PPE) estimait qu'« une guerre du lait est en cours en Europe » et se demandait « qui sera la première victime ». Lui aussi affirmait fermement la nécessité d'une régulation, et ce depuis 2012. « Il nous faut le courage de mettre en place une réduction obligatoire, et non volontaire, de la production de lait et d'indemniser les producteurs en conséquence. Il nous faut également donner une chance aux jeunes en aidant au départ à la retraite des agriculteurs de plus 65 ans ».
« Bruxelles doit passer à la vitesse supérieure », a appelé l'eurodéputé S&D Eric Andrieu, en particulier en instaurant « une discipline sur les volumes produits et surtout, par une plus forte solidarité européenne entre les producteurs ». Son groupe avertit que, « si la Commission européenne ne crée pas toutes les conditions pour permettre un retrait volontaire des volumes par tous les producteurs de l'Union européenne, nous demanderons un rétablissement des quotas ».
Hasard des calendriers, la Commission a ouvert une adjudication pour la poudre de lait écrémé, le 26 mai, après avoir confirmé la veille que le nouveau plafond d'intervention de 218 000 t de poudre de lait écrémé (contre 109 000 t précédemment) allait être atteint. Les principaux pays demandeurs sont l'Allemagne, la France et la Belgique, avec plus de 40 000 t chacune.
E.C. (publié sur Lafranceagricole.fr)
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