Cours des matières premières agricoles bas, difficultés financières des éleveurs, surproduction persistante… Les éclairages sur les marchés apportés lors de la conférence « Grand angle lait » étaient peu optimistes.
Lors de la conférence annuelle « Grand angle lait », organisée par l'Institut de l'élevage (Idele) le mardi 12 avril, l'économiste Philippe Chotteau, de l'institut, est intervenu sur la volatilité des prix au niveau mondial. Il a fait le lien entre les cours des matières premières agricoles, en particulier le lait, et celles de l'énergie, pour lesquels « on visualise très bien les épisodes de volatilité depuis le premier choc pétrolier ». Il est resté très prudent dans ses prévisions pour les mois qui viennent, se demandant même si « l'on est vraiment dans un épisode haussier », comme certains analystes l'évoquent pour le pétrole. « On n'arrive pas du tout à voir la sortie du tunnel », a-t-il conclu, pessimiste.
Des encours en augmentation
Benoît Rubin, son collègue de l'Idele, n'a pas présenté des résultats plus réjouissants. Selon une étude réalisée auprès d'une vingtaine de créanciers (coopératives, Cuma, fournisseurs…), les encours sont en nette augmentation. Des éleveurs habituellement peu confrontés à des difficultés financières se retrouvent dans des situations délicates.
« Crise systémique »
Benoît Rouyer, de l'interprofession laitière (Cniel), est lui aussi revenu sur la « crise systémique » de la filière. Il a remis en perspective la situation européenne, en la comparant à celle de la Nouvelle-Zélande. Depuis juin 2014, la différence moyenne de prix entre les deux régions est d'environ 100 €/1 000 l, en faveur du vieux continent. Il illustre ainsi la situation précaire de la Nouvelle-Zélande, « liée à la valorisation minimaliste sur les marchés internationaux ».
L'Europe bénéficie, quant à elle, d'un « amortisseur » : sa demande intérieure. Selon l'expert du Cniel, l'Europe est « clairement en surproduction », contrairement « à nos concurrents des pays tiers dans lesquels l'offre ne progresse pas vraiment ». Du côté de la demande, « le commerce mondial se maintient en volume, malgré le recul de deux marchés clé (Russie et Chine) ». En particulier, l'Afrique et le Moyen-Orient ont accru leurs achats.
Néanmoins, la filière poursuit son chemin, au moins sur le plan technique : au cours de la journée, d'autres interventions ont abordé les progrès dans les domaines de la génétique, de la biodiversité ou encore du bien-être animal.
M.B.
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