La coopérative néerlandaise « encourage ses membres à maintenir temporairement leurs livraisons au même niveau » pendant plusieurs semaines, voire à les réduire, en échange d'une prime de 20 €/1 000 kg.
La coopérative néerlandaise FrieslandCampina a annoncé qu'elle « encourage ses membres à maintenir temporairement leurs livraisons au même niveau » que la période du 13 au 27 décembre 2015, voire à les réduire, en échange d'une prime de 20 €/1 000 kg, pour les livraisons du 1er janvier au 11 février 2016 (sauf pour le lait bio, pour lequel les capacités de stockage sont suffisantes). Cette mesure « temporaire est nécessaire car les livraisons vont croître plus vite que prévu dans les prochaines semaines, dépassant les capacités des usines de la coopérative, entre janvier et la mi-février », a-t-elle expliqué le 28 décembre.
La collecte s'est accrue de 6,4 % en 2015 par rapport à 2014, soit 600 millions de kilos supplémentaires. FrieslandCampina explique qu'elle avait bien procédé à des investissements ces dernières années, mais « les livraisons de lait se sont brutalement accélérées depuis novembre 2015 », et les capacités de la coopérative, pas plus que les ventes aux autres industriels, ne suffisent à absorber l'excédent. D'où cet « appel » du conseil d'administration aux coopérateurs.
Le prix garanti pour janvier s'établit à 292,50 €/1 000 kg, contre 300 € en décembre. Cette baisse est justifiée par une prévision de baisse des prix aux consommateurs en janvier – en particulier en Europe, où la météo clémente a permis une nouvelle hausse des livraisons.
« Situation désespérée »
Sieta van Keimpema, vice-présidente de l'European Milk Board (EMB), a réagi en soulignant que « même les laiteries indiquent clairement qu'une croissance effrénée des volumes pose un problème et qu'il convient d'activer des instruments pour contrer ce phénomène. » Cette limitation volontaire des livraisons est « un moyen très efficace pour réduire la production. Il est possible d'intervenir de façon positive sur le marché et de prévenir ainsi les distorsions ». Néanmoins, « une initiative portée par des laiteries individuelles ne suffit point ». L'EMB encourage donc à activer ce type d'instrument « sur l'ensemble du territoire de l'Union et à le piloter centralement ». Sieta van Keimpema appelle les élus européens à « passer à l'action » et « mettre en place le cadre juridique adéquat », un programme de responsabilisation face au marché dont l'élément pivot serait la renonciation volontaire aux livraisons.
« La stratégie européenne de la croissance effrénée a généré, au cours des derniers mois, des problèmes profonds et a ruiné de nombreux producteurs de lait. Avec des prix qui, en partie, avoisinent encore quelque 20 maigres centimes par kilo de lait, la survie de nombreuses exploitations est tout simplement devenue impossible. Qu'un grand consortium laitier se passe aujourd'hui spontanément la bride au travers d'une renonciation volontaire aux livraisons, illustre, une fois de plus, le caractère désespéré de la situation », souligne encore l'EMB.
E.C.
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