Je cherche toujours le sens de cette loi obligeant les laiteries à proposer des contrats. Pas à les signer, heureusement d'ailleurs. Bruno Le Maire aurait voulu faire un boulevard à l'industrie, pour qu'elle soit assurée de trouver demain une matière première à bas prix, qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Certes, des contrats écrits seront incontournables dans un monde sans quotas. Mais pourquoi cette urgence à les instaurer avant 2015 ? Comment ignorer à ce point les difficultés à surmonter pour créer de vraies OP ? Pour négocier de façon équilibrée, encore faut il avoir tous le même poids. Et à peine nées, ces OP doivent déjà négocier. Bonjour la course d'obstacles, sans parler des regrettables clivages syndicaux !
Si je m'interroge, d'autres ont compris l'avantage à tirer de la situation. Quoi de plus logique qu'un Lactalis fasse le forcing pour signer très vite ces contrats. C'est son intérêt de tuer dans l'oeuf des OP fortes... pas des OP de cinéma où l'on ne connaît ni tous ses adhérents ni surtout les volumes qu'ils traient.
Et il lui est aisé, en cette période où le prix du lait regonflé en anesthésie beaucoup sur les enjeux futurs, de jouer l'air du « ayez confiance, on travaille depuis si longtemps ensemble ». Pourtant, ne nous y trompons pas : si demain, il trouve une matière première moins chère ailleurs, c'est là qu'il ira la chercher pour son camembert fabriqué en Normandie. Ou à sa porte, mais si les producteurs s'alignent. Et si vous laissez aux laiteries la main libre sur les volumes, soyez sûr qu'il y aura toujours plutôt 1 % de lait en plus des besoins du marché qu'en moins… Encore une fois, voyez le triste exemple suisse pour vous convaincre que les laiteries philanthropes de papa sont du passé.
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
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