Entre le droit de la concurrence et l'Europe du Nord qui veut prospérer sur les cadavres de ses voisins, l'espace est minime pour une régulation passant par les volumes. Pas les quotas. Leur sort est scellé. Pas la contractualisation seule. Sans gestion collective des volumes, elle ne régulera rien. Non, un modèle à inventer, adapté à l'industrie lourde du lait. Utopique ? La Suisse, qui vit sans quotas depuis huit mois, prouve le contraire. L'interprofession où se retrouvent producteurs, transformateurs, mais aussi distributeurs, devrait pouvoir gérer les volumes de lait sous contrat et imposer ses règles à tous les acteurs de la filière.
On nous dira que la Suisse n'est pas l'UE. Le nombre de pays à mettre d'accord n'explique pas tout. La Suisse, qui a aussi ses Danois, a surtout ce qui nous manque : une volonté politique. Car il s'agit bien de cela pour savoir où sera produit demain ce lait dont le marché mondial va manquer. N'attendons pas qu'un groupe d'experts de haut niveau ait ce débat. Il revient aux élus européens. Et ce n'est qu'en l'ouvrant sur les enjeux sociétaux, que les tenants d'une régulation efficiente ont une chance de gagner. La grève du lait avait, l'espace de quelques semaines, réussi ce tour de force. Curieusement, ses meneurs n'ont pas profité du Sommet de Copenhague pour la relancer. Il y avait pourtant là une caisse de résonance unique pour mettre l'Europe du Nord devant son paradoxe. Comment s'afficher en défenseur de l'environnement quand on plaide pour une non-régulation qui concentrera le lait dans les zones les plus compétitives ? Et donc y accentuera les problèmes d'environnement et poussera sur les routes des flottes de camions émetteurs de CO2 pour approvisionner les zones de consommation.
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
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