Le discours de Sarkozy à Poligny (Jura) n'a rien de rassurant pour ceux qui rêvent de voir demain une régulation du marché laitier jouant sur les volumes. Certes, il a été question de « créer de véritables outils de gestion des marchés ». Mais derrière, la recette présidentielle est bien classique : préserver des filets de sécurité, favoriser des outils d'assurance contre les aléas économiques, aider les territoires fragiles via des aides différenciées. Bref, on joue sur l'intervention et le stockage privé européen qui arrivent souvent trop tard, quand la baisse des prix a déjà fait des ravages dans les trésoreries. Et l'on demande aux producteurs de cotiser à des assurances revenus et aux contribuables de mettre la main à la poche.
Il y avait pourtant un projet plus novateur à porter en choisissant ce lieu emblématique de l'AOC comté. Ici, l'interprofession décide pour partie des volumes de production en adéquation avec le marché. Et elle a le pouvoir de pénaliser les fabricants qui dépassent en surtaxant leurs références plaques vertes. Certes, ce dispositif qui bride les éventuels opportunistes se heurte au droit de la concurrence. Mais en évitant les crises plutôt que les guérir, il permet au plus grand nombre de continuer à occuper le territoire. On aurait aimé entendre Sarkozy conforter ce modèle perfectible (Bercy ne donne son aval au comté que pour augmenter les volumes). Dommage aussi qu'il ne s'en inspire pas pour le lait standard en défendant qu'une industrie si particulière que le lait mérite quelques entorses au droit de la concurrence. C'est à ce prix que la contractualisation sera un outil efficace pour réguler le marché après 2015. La Suisse suit aujourd'hui cette voie. Pourquoi pas nous ? Ce n'est qu'une question de volonté politique.
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
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