Difficile aujourd'hui de s'y retrouver dans les prix de base du lait. Si en 2012, les entreprises les définissaient à partir d'une base régionale harmonisée et d'indicateurs de marché fournis par le Cniel, elles s'en sont progressivement écartées. Les factures qui arrivent dans les fermes entre le 10 et 20 octobre sont l'aboutissement de ce processus. Prenons l'exemple de la Basse-Normandie. L'application des indices économique et de saisonnalité régionale sur un prix moyen régional 2012 donne un prix de base pour les livraisons de septembre de 369,41 €/1 000 l. Lactalis annonce 348,25 €, Danone à l'opposé 382,56. « Si l'on rajoute la flexibilité de 2,56 €, le prix de base devrait s'élever à 371,97 €/1 000 l, soit un manque à gagner de près de 24 € pour les livreurs de Lactalis en Basse-Normandie », calcule Sébastien Amand, président de l'Unell, association nationale des groupements de producteurs Lactalis et lui-même producteur en Basse-Normandie. La rallonge de quota de 6 % pour 2013-2014 accordée par Lactalis, alors que ces dernières années elle stagnait à 2 %, ne le console pas. « C'est du lait en plus que l'industriel transformera à un prix moins cher que le marché. »
Des échappées dès janvier
En fait, les deux leaders français, Lactalis et son concurrent Sodiaal, ne se réfèrent plus depuis l'été à la méthode interprofessionnelle. Ils s'appuient sur la médiation des pouvoirs publics du printemps dernier. « Nous appliquons ce qu'a écrit le médiateur, à savoir une hausse moyenne de 25 €/1 000 l par rapport au prix moyen de 2012 », indique le Lavallois. Comment cet objectif moyen est-il défini mois par mois ? Contrairement à Sodiaal, les factures ne l'indiquent pas. Depuis juillet, le groupe coopératif, lui, reprend le prix moyen de base 2012, auquel il ajoute l'indice de saisonnalité, la flexibilité (1,30 € pour le troisième trimestre) et « un complément de 25 €/1 000 l ». Les deux grands groupes reprendront-ils les indices Cniel en 2014 ? Rien ne le dit aujourd'hui.
Les + 25 € de la médiation ont, certes, perturbé le mode de calcul du prix du lait mais les dés étaient jetés dès le début de l'année. Rappelons-nous, bon nombre d'entreprises ont choisi en janvier leur propre prix moyen du lait 2012, plutôt que le prix moyen France ou régional, pour appliquer l'évolution du marché des produits industriels et des fromages à l'export. De même, elles ont écrit leur grille de saisonnalité plutôt que repris les indices Criel. « Ce choix a un impact sur le calcul de la compétitivité entre la France et l'Allemagne », décrypte André Bonnard, de la FNPL.
La médiation a fini de dérégler le système
Le calcul repose sur le prix du lait payé en France et en Allemagne trois mois avant. Le premier est fourni par France-Agrimer à partir des enquêtes auprès des entreprises. Un prix que, jusqu'en 2012, l'office désaisonnalisait. Cet exercice est aujourd'hui plus difficile avec les saisonnalités « maison ». La médiation du printemps a fini de dérégler le système. Certains industriels ont intégré les hausses « médiation » dans le prix, ce qui conduit à réduire l'écart de prix avec l'Allemagne trois mois après. Pour sortir de ce casse-tête, la FNPL va revendiquer un prix moyen pour l'année 2013 et regarder laiterie par laiterie leur positionnement. « Il suffit de calculer le prix moyen des neuf premiers mois. L'indice économique du dernier trimestre va donner le prix moyen de base 2013 auquel les éleveurs ont droit. » Traduisez : si l'entreprise est en dessous, il faudra qu'elle corrige le tir. Sorti le 19 septembre, l'indice économique est de + 35 €/1 000 l.
CLAIRE HUE
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