Pour préserver leurs intérêts, les transformateurs de l'UE s'opposent à la réintroduction d'un mécanisme de gestion de l'offre laitière dans la prochaine Pac.
Alors que des négociations se poursuivent entre le Parlement, la Commission et le Conseil européens à propos d'une possible gestion de l'offre laitière, notamment en cas de crise, l'association laitière européenne (EDA) qui réunit les industriels de la transformation, s'oppose catégoriquement à toute régulation. Dans un communiqué du 13 mai, l'EDA, présidé par Michel Nallet (Lactalis), invite les décideurs européens à rejeter toute proposition de gestion de l'offre. Et de préciser que le secteur laitier européen est aujourd'hui dans une économie ouverte où toute maîtrise profiterait d'abord à nos concurrents internationaux, sans pour autant protéger le prix du lait à la production. « Les quotas laitiers ont permis de maintenir une certaine stabilité des prix, car ils étaient couplés à des mesures d'aide à la consommation (beurre pâtissier, aliment veau, etc.). Or, la plupart de ces soutiens ont été démantelés par les réformes successives de la Pac. Vouloir revenir à une maîtrise de l'offre nous conduirait dans une impasse qui brimerait les producteurs les plus dynamiques. À moins que l'UE ne veuille retrouver une politique agricole des plus coûteuses pour son budget », explique Joop Kleibeuker, secrétaire général de l'EDA.
Le filet de sécurité suffit
« Pour se mettre à l'abri de prix trop bas dans un contexte de volatilité, la seule solution est d'avoir un filet de sécurité, associé à des systèmes d'assurance-revenu. Un principe qui ne coûterait rien au budget de l'UE. » Un discours bien en phase avec les intérêts des industriels : pouvoir s'approvisionner à bon prix en matière première, donc sans contrainte de contingentement pour être certain que l'offre dépasse un peu la demande ; surtout quand le marché est orienté sur une demande mondiale croissante des produits laitiers. Des intérêts qui ne sont pas nécessairement en phase avec ceux des producteurs, surtout les moins compétitifs. Cependant, ils se sont toujours imposés jusqu'alors, dans l'UE et ailleurs.
DOMINIQUE GRÉMY
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