
La grève du lait explique en partie la montée de l'abstention et le recul du syndicalisme majoritaire dans le grand Ouest.
Dans le grand Ouest, hormis le Calvados dans les mains de la Coordination rurale (CR) depuis dix-huit ans, les chambres d'agriculture restent dans le giron de la FNSEA et des JA, mais avec une majorité bien moins large qu'en 2007. La grève du lait de septembre 2009 a laissé des traces. La CR, qui s'est rapidement engagée dans le mouvement, en est la principale bénéficiaire. Sa progression la plus spectaculaire est dans la Manche en doublant son score entre 2007 et 2013 (respectivement 13,44 % et 30,40 % du collège exploitants).
Dans l'Orne, le mouvement a plutôt profité à la Confédération paysanne qui progresse de 2,25 % (27,69 % contre 25,44 %). « La Confédération paysanne de l'Orne a été dès le départ ouverte à l'Apli. Elle a poursuivi cette stratégie en soutenant la création de l'OP transversale de l'Ouest France Milk Board, décrypte Yves Leperlier, syndicaliste très actif, depuis un an à la retraite. Sans doute ce soutien a-t-il contribué à ce que des partisans de l'Apli lui apportent des voix. »
La CR gagne des points aussi en Bretagne, surtout dans le Finistère (27,89 % contre 16,97 % en 2007), un temps sous la bannière de la Confédération, et en Côtes-d'Armor (29,38 % contre 16,24 %). « Il ne faut pas oublier le taux important d'abstentions (NDLR : entre 42 % et 58 % selon les départements bretons, comme ailleurs dans l'Ouest). Aucune liste n'a su exprimer le courant libéral qui traverse une partie des éleveurs », confie l'un d'entre eux. Ceux qui se considèrent comme des entrepreneurs ne se sentent pas représentés et ont parfois préféré s'abstenir.
La FNSEA secouée dans le Maine-et-Loire
La liste FNSEA-JA résiste mieux dans les Pays de la Loire, à l'exception du Maine-et-Loire, tenu d'une main ferme par Christiane Lambert, n°3 de la FNSEA. Sa coalition passe sous les 50 % des suffrages. Avec 30,62 %, la Coordination fait une percée de 5 points. Les observateurs y voient avant tout, là aussi, les ondes de choc de la grève du lait, et font remarquer que l'un des tenants des nouveaux rapports de force dans la filière laitière – Paul de Montvalon – ne réside qu'à quelques kilomètres du bastion angevin. La FDSEA 49 sort un peu ébranlée de ce combat. « Nous nous battons pourtant pour l'élevage depuis des mois », souligne Jean-Marc Lézé, son président.
En Loire-Atlantique, on se demandait si la FNSEA-JA confirmerait sa victoire historique de 2007. De fait, elle améliore légèrement son score : + 1,4 % à 45,63 %. Pour autant, son challenger, la Confédération paysanne, ne s'effondre pas : à 34,79 %, il gagne même un peu. Son opposition vigoureuse à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et son alliance dans ce cadre avec des mouvements écologiques et alternatifs ne semblent pas lui avoir nui, voire au contraire.
Si la FNSEA sort gagnante, sa représentation n'en est pas moins écornée. Saura-t-elle tendre la main dans ses six nouvelles années de gouvernance ? En clair, ne pas renouveler l'erreur des deux mois précédant la grève du lait avec des responsables qui n'ont pas perçu le grondement des campagnes.
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