Moins d'un an après la mise en place d'un système de double prix-double quota, les Savoyards tirent les premiers enseignements.
Pour adapter les volumes produits à la réalité des marchés et se préparer à l'après-quotas, les Savoyards ont opté, en avril 2012, pour un système de double prix : un prix savoyard garanti pour le volume A (référence en dur en début de campagne 2010-2011+ attribution JA et plan d'investissement), le prix du lait Spot moins les charges de collecte et de logistique pour le volume B. Pour tenir compte du potentiel de marché différent de chacune des filières fromagères (AOP reblochon, tome des Bauges, abondance AOP, tomme et emmental de Savoie IGP), la référence A des producteurs est combinée à un coefficient d'ajustement des marchés (96 % en zone IGP, 100 % en reblochon, tomme des Bauges, 103,5 % en abondance). « Le prix B est fixé par chaque coopérative en fonction de la valorisation des dégagements, précise Jean-François Laval, directeur des Fédérations départementales des coopératives laitières de Haute-Savoie et de Savoie. Selon la situation de l'entreprise, chacun des opérateurs peut réajuster le volume A accordé à ses producteurs, et verser des compléments. »
Baisse de la collecte de 4,7 % en 2012
Les FDCL des Savoie tirent un bilan positif des premiers mois d'application du dispositif dans le contexte, il est vrai, d'une baisse de la collecte. En efet, 2012 a été marquée par une sous-réalisation de 4,7 % du quota savoyard. Une situation due en particulier aux conditions climatiques défavorables et à la médiocre qualité des fourrages. Toutefois, les FDCL estimentque globalement, le système a bien fonctionné. En zone reblochon, le dispositif combiné à la limitation de la production du lait de printemps (la production du deuxième trimestre est limitée à 21,5 % de la reférence A) a porté ses fruits. Sur cette fin de campagne 2012-13, tout le lait produit sera payé en A. Mais une question se pose : l'assainissement du marché opéré par une baisse de la collecte laitière, et non par la conquête de nouveaux débouchés, sera-t-il durable ?
En IGP tomme et emmental de Savoie, où la production est soumise à une limitation mensuelle (9,2% de la référence A, sauf sur les mois d'été), la situation demeure plus fragile. Sur le premier semestre 2012, 10 Ml de lait ont dû être dégagés(1). Les efforts à déployer par les éleveurs pour s'adapter au nouveau dispositif ont été plus ou moins importants selon le profil de leur exploitation (production plus ou moins étalée sur l'année). Pour une partie d'entre elles, le printemps 2012, avec un prix B à 180 €/1 000 l, a été difficile.
Emmental et tomme de Savoie plus fragiles
Aujourd'hui, avec un prix B autour de 320 € (hors qualité), les trésoreries se sont détendues. Mais face à la flambée des prix de l'aliment, et malgré la revalorisation annoncée du prix du lait (+ 20 €/1 000 l à la coopérative des Fermiers Savoyards), certains estiment que le compte n'y est pas.
S'il est trop tôt pour mesurer la capacité du nouveau système à faire face à des années de plus forte production, des ajustements réguliers devront sûrement être apportés au dispositif pour corriger les perceptions négatives.
ANNE BRÉHIER
Une concession perd la carte Fendt, une armada de tracteurs part aux enchères
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
Les députés adoptent une série d'amendements attendus par les agriculteurs
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
« Mieux vaut bien négocier la future Pac que craindre l’accord avec le Mercosur »