On a tendance à résumer la filière laitière aux seuls producteurs et transformateurs. La branche lait du syndicat FGA-CFDT rappelle que les salariés en sont aussi des acteurs majeurs. Cent cinquante délégués, réunis en session nationale, l'ont affirmé haut et fort. Au coeur de leurs préoccupations, l'amélioration des conditions de travail, l'égalité hommes-femmes ou encore l'accompagnement des seniors. « La collecte désormais jour et nuit accentue l'isolement des chauffeurs laitiers. Les usines qui tournent de plus en plus 24 heures sur 24 obligent à organiser les postes en 3 x 8. Ces évolutions deviennent problématiques pour bon nombre de salariés qui, dans trois ou quatre ans, atteindront les 60 ans, affirme Régis Degouy, secrétaire national de la FGACFDT. Les entreprises font des efforts de prévention mais pour un certain nombre, c'est trop tard, poursuit-il. Quand ils souffrent de troubles musculo-squelettiques, nous demandons des compensations telles qu'un temps partiel payé à temps plein. »
Comme les producteurs, en prise directe avec le marché
Mais pour ces délégués, pas question de cantonner leur action aux conditions de travail ou aux revendications salariales. Suivre les marchés et face à leur évolution, comprendre la stratégie de leur employeur sont une nécessité pour être de plain-pied dans les discussions patron-salariés. « Face aux difficultés que rencontrent les produits frais sous les marques de distributeurs, nous interpellons Lactalis-Nestlé produits frais sur les perspectives qu'il envisage pour les trois prochaines années », illustre Cyrille Palliani, délégué central FGA-CFDT LNPF en rappelant la fermeture annoncée fin juin du site Novandie à Rozet-Saint-Albin (Aisne). « Cette situation expose le marché des marques entreprises dans lequel Lactalis-Nestlé ne pèse que 6,5 %, avec un risque de baisse du prix des produits. Nous craignons des répercussions sur les salariés. » Les syndicalistes s'interrogent également sur la pertinence des investissements en tours de séchage... menés essentiellement par les coopératives en vue de l'après-quota. « Ceci alors qu'un certain nombre de tours ont été fermées il y a quelques années. Où est la cohérence ? », Soulignent-ils.
Un prix du lait trop élevé pour le grand export
Ils regrettent que les coops agissent en solo, sans partenariat industriel ou commercial. « Sont-elles suffisamment armées pour affronter le marché mondial très compétitif ? Nous ne le pensons pas. Le prix du lait est trop élevé de 15 à 20 €/1 000 l pour l'affronter. Trop lentes dans leurs décisions stratégiques, elles sont aujourd'hui insuffisamment restructurées. » Si les syndicalistes le déplorent, la marche vers la restructuration est inéluctable. Ils craignent qu'elle se réalise dans l'urgence et au détriment des salariés. Acculé, le partenariat que noue le groupe coopératif Terra Lacta avec Bongrain leur donne raison. « Nous demandons que producteurs, industriels et salariés se mettent autour de la table pour discuter de l'avenir de la filière laitière française. »
CLAIRE HUE
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