Ce n'est pas sans raison que la coopération franc-comtoise a appuyé de tout son poids l'entrée d'acteurs régionaux (Juramonts, Monts de Joux, SFLC, Jura Terroir, Milleret) dans le capital de Monts et Terroirs, filiale de Sodiaal, dédiée aux AOC et IGP (comté, morbier, emmental grand cru, gruyère en Franche- Comté, beaufort en Savoie). Ce sont 3 M€ sous forme d'obligations remboursables que les deux FDCL du Doubs et du Jura, les coops d'IA Génia'test et Jura-Bétail, Terre comtoise et Franche-Comté Élevage ont apporté avec la banque verte, sur les 12 M€ de la holding Terroirs de Franche- Comté, désormais co-actionnaire de Monts et Terroirs. De son côté, la chambre d'agriculture du Doubs a beaucoup joué en coulisses pour catalyser les énergies.
30 % PASSENT PAR MONTS ET TERROIRS
En quoi ce partenariat était-il si vital pour la pérennité des filières AOC-IGP régionales ? Monts et Terroirs, avec 30 % du marché du comté (15 500 t), est l'un des intervenants majeurs sur lequel compte l'AOC pour progresser à l'export. Dans un marché national au taquet, sa capacité à continuer d'accueillir de nouveaux producteurs et, avec eux, du lait supplémentaire (ce que le droit de la concurrence lui impose) sans déséquilibrer le marché, passe par là. L'enjeu est de taille pour la valorisation d'un lait qui dépasse aujourd'hui les 400 €/1 000 l. Il s'agissait aussi pour les Franc-Comtois de ne pas laisser leur devenir se décider à Paris. Traduisez : qu'ils aient leur mot à dire sur les choix stratégiques de Monts et Terroirs, un enjeu capital pour l'après-quotas. Ils pourront le faire via leurs 25 % de capital qui, grâce au statut souple de SAS de Monts et Terroirs, leur ouvrent une minorité de blocage. Cela ne les empêche pas de viser les 34 % d'ici à fin 2014, comme prévu dans le deal.
LES FONDAMENTAUX PRÉSERVÉS
La présence parmi les actionnaires franc-comtois de deux sociétés avec Sodiaal dans leur capital, ne risque-t-elle pas d'affaiblir la défense des intérêts régionaux ? Président de Juramonts, principal actionnaire de la holding, François Cucherousset se veut rassurant. D'autres le sont moins. Son argument : le poids relatif de Sodiaal dans SFLC (43 %) et Jura Terroir (20 %).
Il était tout aussi crucial pour les Francs-Comtois que Monts et Terroirs continue d'épouser les fondamentaux du comté. Ils ont obtenu satisfaction. Dans le pacte d'actionnaires, Sodiaal s'est engagé à respecter son plan de campagne élaboré par le CIGC, et surtout le dispositif de la MPN, garant de la répartition équilibrée de la valeur ajoutée dans la filière. Système unique, cette moyenne pondérée nationale, qui reflète les prix de vente pratiqués par les affineurs, est fondée sur les déclarations volontaires. Et c'est elle qui sert de base aux prix d'achat des fromages à affiner sortis des coops. Sans cette transparence, nul doute que le prix du lait à comté n'aurait pas suivi, ces dernières années, celui de la valorisation des fromages, et autant augmenté. Cet engagement pose donc des garde-fous au grignotage du prix du lait AOC pour aider d'autres activités de Sodiaal.
JEAN-MICHEL VOCORET
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