Les coopératives laitières s'engagent à accompagner le développement de la production de leurs adhérents, mais sans débordements. Reste à trouver les moyens de cette maîtrise et à anticiper les investissements nécessaires.
L'assemblée générale de la FNCL a été l'occasion d'une piqûre de rappel pour réaffirmer les fondamentaux de l'entreprise coopérative « inscrite dans l'économie, mais ancrée dans son territoire, au service de ses adhérents et de leur volonté de développement ». Ces derniers auraient-ils des doutes sur cette éthique de la coopération ? « Pendant trente ans d'économie laitière administrée, nous nous sommes peut-être laissés bercer par la facilité », a osé le président Dominique Chargé. Pour la FNCL, la fin des quotas laitiers et la nouvelle donne de la contractualisation devraient remettre en valeur l'entreprise coopérative. « Les coopératives laitières ont pour objectif de permettre le développement de la production de leurs associés coopérateurs partout en France, en volume et en valeur. »
Créer de la valeur, c'est essentiellement le marché intérieur (France-Union européenne) des produits de grande consommation. On le sait mature, donc peu extensible. Mais les coopératives ont en ligne de mire les perspectives de développement du « grand export » sur les marchés émergents, tirés par la croissance mondiale. Des marchés qui sont aussi très exposés à la volatilité des cours.
La FNCL sort alors sa botte secrète du double volume-double prix : « Une solution pour sécuriser le volume A ». Aujourd'hui, 28 000 associés coopérateurs, soit 62 %, sont déjà rémunérés pour leur livraison en lait de façon différenciée selon les volumes. Avec cette nouvelle ambition, les coopératives auront deux défis importants à relever. Le premier : réussir à maîtriser l'évolution des volumes de lait produits par leurs adhérents. Car elles ont réaffirmé haut et fort leur attachement au principe de l'apport total, donc leur engagement à collecter tout le lait apporté. Est-ce à dire qu'il faudra un prix C dissuasif ?
Un appel à jouer la dimension collective
Deuxième défi : anticiper les investissements nécessaires pour transformer cette production supplémentaire. Or, lever de nouveaux capitaux auprès des adhérents sera à la fois difficile et insuffisant. Et les fonds d'investissement n'ont pas souvent les mêmes valeurs que la coopérative. Aussi Dominique Chargé a-t-il appelé « à jouer la dimension collective et à exploiter toutes les synergies ». À ce propos, l'intervention de Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique et social qui a stigmatisé « l'incapacité des responsables à s'adapter ou leur volonté de préserver à tout prix leur pouvoir » comme le risque majeur pour toute entreprise, sonnait comme un avertissement.
DOMINIQUE GRÉMY
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