L'après-URCVL a un goût amer dans les Monts du Forez (Loire). « Pour éviter l'arrêt de collecte, il a fallu se débrouiller de A à Z, souligne Éric Vial, le président de la coopérative des Monts du Forez, groupement de vente de lait (une petite dizaine de millions de litres dont 4 Ml en AOC fourme de Montbrison). En quinze jours, avec l'aide de la Fédération régionale laitière, nous avons calé la vente de lait sur l'Italie. Nous avons récupéré l'ancien transporteur de Forez Fourme. Pour le stockage du lait, la laiterie du Forez (une PME locale) nous a bien aidés. Il a fallu faire les payes des producteurs. » Fin janvier, faute de perspective immédiate de reprise des producteurs par Lactalis et Sodiaal présents sur le secteur, un contrat écrit d'un an renouvelable a été signé avec l'italien Inalpi.
L'Italie, solution de repli temporaire mais coûteuse
Il sécurise l'écoulement du lait, mais n'assure ni une rémunération suffisante ni la visibilité requise pour préparer l'avenir. Dans les exploitations, les projets et les investissements sont en suspens depuis 2008, fin de l'URCVL. Le prix du lait est en effet lourdement pénalisé par les coûts de transport. En janvier, il équivalait à un prix Criel Rhône- Alpes moins 24,33 €/1 000 l de flexibilité. En février, la flexibilité s'élevait à 18,60 €. Cet été, du fait de la forte saisonnalité de la grille de lait Rhône-Alpes, l'écart prix italien-prix français risque de se creuser.
Par ailleurs, les producteurs sont confrontés à des questions très concrètes sur leur mode de production « Alors qu'il n'y a plus de transformation AOC, faut-il continuer à produire dans le cadre d'un cahier des charges avec ses contraintes et ses surcoûts ? Doit on se préparer à acheter du maïs ensilage ou du maïs épi, plus coûteux ? En attendant d'y voir plus clair, faut-il demander à l'Inao de prolonger la dérogation accordée au titre de la sécheresse 2011 ? »
L'exportation du lait vers l'Italie n'est qu'une solution de repli temporaire en attendant de vraies perspectives. « Nous sommes en montagne, certes, mais une partie de notre zone dispose d'une dynamique laitière et des accès routiers très corrects, souligne Éric Vial. Du quota est revenu cette année dans les exploitations. La moyenne de 130 000 l par point de collecte ne reflète pas le réel potentiel du secteur. »
Pour le président du Criel Rhône-Alpes, Gérard Rodange, l'enjeu est de dynamiser et de réorganiser la zone en lui redonnant une densité laitière suffisante pour intéresser les entreprises. « Un vrai défi qui se pose aussi à l'ensemble de la région Rhône-Alpes, dont 60 % des zones de collecte sont en montagne. » Dominique Thizy, président de la section laitière de la FDSEA de la Loire, presse vers une solution rapide. « Nous sommes dans une conjoncture globale positive. Si on n'arrive pas à régler le problème maintenant, comment fera-t-on si la conjoncture se retourne ? »
ANNE BRÉHIER
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