En liant le quota au foncier, la gestion des références laitières a poussé à une certaine déstructuration des exploitations. La reprise de terres, même éloignées, représentait pour beaucoup la seule voie pour augmenter leur droit à produire. De plus, le foncier est convoité. L'urbanisation réduit chaque année la surface agricole. Ce qui rend plus difficile la constitution de parcellaires fonctionnels.
Et pourtant, cette déstructuration du foncier présente de sérieux inconvénients. Perte de temps, coût des déplacements, difficultés pour optimiser les rotations culturales, surfaces accessibles insuffisantes pour valoriser le pâturage… En clair, les parcellaires éclatés réduisent la compétitivité des élevages.
D'où la volonté exprimée aujourd'hui de rationaliser l'utilisation de la SAU et d'encourager les regroupements parcellaires entre agriculteurs. En Bretagne, cet objectif a été retenu dans le cadre du Paar(1). L'administration considère que le parcellaire représente un enjeu majeur pour la compétitivité de la région. Elle s'est donc engagée à encourager les échanges, notamment en simplifiant les procédures.
Les chambres d'agriculture bretonnes ont commencé à chiffrer les surcoûts engendrés par l'éloignement des parcelles. Par exemple, quand il faut parcourir 10 km pour atteindre un champ, le temps et les coûts de chantier sont multipliés par trois.
Une enquête réalisée chez une trentaine d'agriculteurs bretons ayant effectué des échanges de parcelles donne quelques tendances sur les progrès constatés. Les agriculteurs concernés estiment à 80 % qu'ils ont gagné du temps. Plus de la moitié d'entre eux ont modifié leur assolement.
Les pratiques de fertilisation et d'utilisation de produits phytosanitaires suivent, au bénéfice de l'environnement.
Y PENSER DÈS L'INSTALLATION
Parmi les laitiers, les deux tiers ont augmenté la surface accessible pour les vaches, mais seulement la moitié a accru le poids du pâturage. Il s'agit là d'un enjeu important pour la rentabilité. En effet, lorsque l'on passe de 30 à 45 ares d'herbe pâturée par vache, on réduit le coût nourriture- logement de 20 €/1 000 l.
Or, entre 2004 et 2009, la part d'éleveurs laitiers ne fermant pas le silo au printemps est passée d'un tiers à deux tiers. 30 % de ceux qui ont modifié leurs pratiques l'expliquent par un manque de surface accessible. Bien entendu, il existe d'autres freins, telle la volonté d'augmenter la production.
Les échanges entre agriculteurs ouvrent donc de réelles perspectives. Dommage que dans le même temps, d'autres s'agrandissent ou s'installent sur des surfaces morcelées qui pénaliseront leur productivité.
PASCALE LE CANN
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