Comme les laitiers, les producteurs de viande bovine souffrent de la dérégulation européenne des marchés. Le filet de sécurité est tombé à 1,50 €/kg quand les éleveurs ne vivent plus à 3 €. Le revenu moyen se réduit à 6 300 € par UTH en 2009, après des années déjà difficiles en 2008 (11 600 €) et 2007 (14 900 €). Et pourtant, le marché européen est déficitaire.
La réorientation des aides Pac ne suffira pas à soutenir les revenus. Et déjà, les campagnes antiviande comme la reprise des négociations à l'OMC font planer d'autres menaces. En Argentine, le kilo de viande se négocie entre 1 et 1,50 €. La suppression des droits de douanes serait catastrophique pour l'Europe. À court terme, la FNB compte sur l'État. L'organisation syndicale dénonce les distorsions de concurrence du fait d'un coût du travail plus élevé qu'en Allemagne. Elle réclame une pause dans les exigences environnementales qui génèrent des coûts. Bruno Le Maire a reconnu la réalité du problème des revenus. Dans un premier temps, un bilan du plan Sarkozy pourrait déboucher sur un report de l'enveloppe. Car les mesures d'étalement de la dette sont peu adaptées aux éleveurs de bovins viande. Le report de la date limite de vaccination contre la FCO au 30 juin est également une bonne nouvelle pour les éleveurs. Enfin, Bruno Le Maire a levé les doutes qui planaient sur le maintien de la PHAE.
Mais le congrès a surtout tourné autour de la régulation des marchés. Là aussi, les éleveurs comptent sur Bruno Le Maire pour obtenir des avancées à Bruxelles. Si le retour des mesures concrètes de gestion des marchés n'aboutit pas, de nouvelles formes sont à inventer. Le discours du nouveau Commissaire à l'agriculture comme le poids accru du Parlement européen laissent espérer une révision du droit sur la concurrence. Mais cette vision ne fait pas l'unanimité dans l'Union et la FNB attend des actes.
Contractualiser pour ajuster l'offre à la demande
Par ailleurs, le syndicat travaille sur la contractualisation. L'idée est d'inscrire au contrat un prix tenant compte des coûts de production. Si la vente s'effectue à un niveau très proche de ce prix, l'éleveur s'en accommode. Mais si l'écart à la baisse est élevé, une caisse alimentée à parité par l'État et les éleveurs viendrait apporter un complément. La caisse serait renflouée dans les périodes plus favorables. Il suffirait qu'un tiers du volume de production français soit concerné pour assurer un certain soutien.
De plus, la contractualisation doit permettre de produire des carcasses d'une qualité plus adaptée à la demande du marché, tout en gérant mieux la saisonnalité des apports. Certains opérateurs fonctionnent déjà avec ce type de contrat. Un groupe de travail va se mettre en place pour étudier cette proposition.
PASCALE LE CANN
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