Avec 950 élevages laitiers dans les Ardennes produisant 245 millions de litres par an, la filière laitière représente un fort enjeu économique. Même si, aujourd'hui, la totalité du quota départemental est produit, plusieurs inquiétudes pèsent sur l'avenir de ce secteur. Le principal point noir se situe au niveau de la main-d'oeuvre. Selon une enquête réalisée par la chambre d'agriculture, il manquera environ quarante candidats à l'installation chaque année d'ici à 2015.
« Le nombre d'enfants issus du milieu agricole qui s'orientent vers le métier n'est pas suffisant. La production laitière a une mauvaise image et est jugée astreignante. Il va donc falloir trouver des jeunes en dehors du cadre familial, mais les candidats se font rares », remarque Claude Gérard, de la chambre d'agriculture.
Au départ d'un associé, les agriculteurs rechignent à embaucher. Ils sont nombreux à ne pas savoir gérer un salarié et trouvent cette solution contraignante. Alors, certains préfèrent cesser un atelier pour résoudre leur problème de main-d'oeuvre. Le lait est souvent le premier visé. La concurrence est rude avec les autres productions. Les exploitations spécialisées en lait n'existent quasiment pas et plus de 90 % possèdent un atelier viande. D'importantes surfaces en herbe sont en effet à valoriser. Sur un total de 300 000 ha, elles représentent 130 000 ha. Aujourd'hui, l'effectif allaitant dépasse même celui des vaches laitières : 48 000, contre 30 000, alors que ce n'était pas le cas lors de la mise en place des quotas.
L'attirance des cultures
La tentation est aussi grande d'arrêter le lait au profit des cultures. Surtout lorsque le prix des productions animales n'est pas suffisamment rémunérateur comparé à celui des céréales, comme pendant l'envolée des cours il y a deux ans. Entre 2000 et 2008, environ 10 000 ha de surfaces en herbe ont été retournées pour implanter des cultures de vente. « Mais ce phénomène tend à s'atténuer. Des éleveurs s'aperçoivent que les rendements de certaines parcelles cassées ne sont pas au rendez-vous. De plus, les surfaces potentiellement retournables ne sont pas extensibles », analyse Joël Martin, de la chambre d'agriculture.
Face au problème de main-d'oeuvre, beaucoup d'agriculteurs se tournent vers la mécanisation. Mais cette alternative coûte cher. Parallèlement, l'accroissement de la taille des troupeaux tend à réduire la part d'herbe pâturée dans la ration. Au final, on observe une augmentation du coût de production au litre et une baisse de la rentabilité des ateliers laitiers. Dernier élément qui pèse sur ce secteur : l'organisation des producteurs est très atomisée et gagnerait à se restructurer. Il existe une dizaine de groupements de vente du lait, chacun négociant un par un avec l'aval qui, lui, est très concentré. Deux industriels transforment 80 % du lait des Ardennes : Nestlé, à Challerange, et Lactalis, à Rouvroy- sur-Audry. Mais ces deux unités sont positionnées sur le marché très concurrentiel de la poudre de lait.
NICOLAS LOUIS
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