Les agriculteurs moins touchés

Si les éleveurs portent de plus en plus des équipements de protection à l'utilisation des pesticides, ce n'est pas le cas lorsqu'ils ont recours à un insecticide sur animaux ou en bâtiment, ou qu'ils désinfectent celui-ci. © CHRISTIAN WATIER
Si les éleveurs portent de plus en plus des équipements de protection à l'utilisation des pesticides, ce n'est pas le cas lorsqu'ils ont recours à un insecticide sur animaux ou en bâtiment, ou qu'ils désinfectent celui-ci. © CHRISTIAN WATIER (©)

L'étude Agrican montre cependant que les agriculteurs développent davantage certains cancers. En cause, les pesticides, mais pas seulement.

La population agricole - hommes et femmes, agriculteurs et salariés - a une espérance de vie plus élevée que la population générale. Selon l'étude Agriculture et cancer (Agrican) sur onze départements, de 2005 à 2010, les décès pour cause de maladie sont inférieurs de 29 % pour les hommes et de 28 % pour les femmes. Si l'on zoome sur les décès par cancer, le constat est identique : respectivement - 30 % et - 24 %.

L'écart s'amplifie pour le plus fréquent : le cancer respiratoire. Moins fumeuse, la population agricole décède près de deux fois moins pour cette raison. Chez les femmes, l'autre cancer répandu est celui du sein. Là encore, les agricultrices et les salariées en décèdent moins que la population générale : - 29 %. Même scénario pour le cancer de la prostate chez les hommes : - 18 %.

Cancers respiratoires : les éleveurs moins atteints

Ces résultats sont connus depuis plusieurs années. La nouveauté porte sur les diagnostics de cancers (c'est-à-dire pas systématiquement mortels). Ils concernent la période 2005-2009, toujours sur les onze départements. Ils confirment les grandes tendances « positives » précédentes, avec une bonne nouvelle pour les éleveurs de bovins : « Chez ceux avec plus de trente ans d'activité, on constate deux fois moins de risques de cancer respiratoire, comparativement aux autres agriculteurs, souligne Pierre Lebailly, en charge d'Agrican. L'hypothèse avancée est un effet protecteur des fourrages distribués et du paillage. Ces supports végétaux comportent des bactéries qui sécréteraient des endotoxines stimulatrices des défenses immunitaires. » En revanche, elles pourraient augmenter le risque de bronchites chroniques. C'est ce que l'on observe chez les « petits » éleveurs (moins de 20 bovins) ayant plus de vingt ans d'activité. Explication : ils travailleraient dans des étables traditionnelles à l'ambiance confinée.

Du côté des pesticides, il apparaît que le recours sur prairies multiplie par 1,3 à 1,6 le risque d'asthme. « À ce jour, le lien entre pesticides et cancer du poumon n'est pas établi », complète-t-il.

L'activité bovine ne protège pas d'un autre cancer : celui de la prostate. Cela semble même l'inverse. Les éleveurs de bovins en développent plus que les autres agriculteurs. « Ils ne portent pas un équipement adapté lorsqu'ils pulvérisent d'un insecticide les bâtiments et les animaux. Ils ne pensent pas à sa dangerosité. Des mesures du niveau d'exposition de l'éleveur ou du salarié lors de son utilisation sont en cours. »

Cancers du sang : l'hypothèse des pesticides

Si la population agricole a moins de cancers que la population générale, certains sont plus à beaucoup plus diagnostiqués (ci-contre). C'est le cas des cancers hématologiques et immunitaires. Heureusement, ils sont moins fréquemment déclenchés. « Les pesticides sont notre principale hypothèse. Nous étudions actuellement l'effet de familles chimiques ou de molécules spécifiques très utilisées ou qui l'ont été, telles que le lindane interdit il y a vingt ans mais qui s'accumule dans les graisses. » Les cancers du sein, de la vessie et du rein sont aussi sur la liste de cette recherche.

CLAIRE HUE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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