La dernière mesure du cahier des charges du comté reste en travers de la gorge de Jean-Pierre Vouillot, 45 ans, de Rantechaux (Doubs). Elle prévoit de plafonner le lait produit par hectare en figeant le potentiel de croissance des exploitations à 10 % d'une référence laitière individuelle qui, elle, reste à définir. Plusieurs raisons à la colère de ce producteur administrateur dans sa coopérative. Déjà, d'avoir découvert cette mesure dite « des 10 % » une fois validée par Bruxelles en novembre dernier.
La goutte d'eau qui fait déborder le vase
« Les autres modifications du cahier des charges entérinées avec (plafonds à 1 800 kg de concentrés/VL, 4 600 l/ha, 50 N minéral/ha...) étaient connues depuis 2007. Celle-ci est sortie du chapeau sans avoir été débattue sur le terrain. » Ce nouveau point du cahier des charges est aussi la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour ce producteur avec 188 000 l de quota (dont 176 000 l plaqués en comté) sur 96 ha. Il jugeait déjà inéquitable, pour les plus petites exploitations où il se range, la façon dont s'applique, chaque année, le taux de modulation du droit à produire au pourcentage de la référence. « Pourquoi ce droit ne serait-il pas identique dans chaque exploitation ? La possibilité de traire du lait supplémentaire est vitale pour les petites références en situation financière plus fragile. » Même sentiment d'inégalité pour les attributions « en dur » de droit à produire, les plaques vertes. « L'interprofession sait les flécher sur les JA ou les nouveaux entrants dans la filière, pourquoi pas sur ceux dont la référence comté mérite d'être confortée ? »
Le plafonnement de productivité laitière par hectare le prend aujourd'hui à revers. Une fois la stabulation de ses 30 vaches laitières amortie, il a investi en 2012 dans un bâtiment pour les génisses. L'investissement a été raisonné pour une production de 220 000 à 230 000 litres, dont 30 000 à 40 000 l au-delà du quota, payés au mieux au prix B de la coopérative (418 €/1 000 l en 2013-2014), voire du lait standard à 350 €/1 000 l. « Il me les faut pour assurer mes prélèvements privés, rembourser mes annuités et payer mes 10 h/s de salarié. »
Bloqué à 207 000 litres
Le souci est qu'avec ces 10 % appliqués sur son quota historique, il serait bloqué à 207 000 litres. « Il faudrait pouvoir prendre en compte ceux qui ont des marges de manoeuvre en respectant le cahier des charges actuel et sans nuire à l'environnement... Ce que je pense faire avec 230 000 litres sur 96 ha, 20 unités N/ha et 0,7 UGB/ha. Le plus ubuesque est que si un JA reprenait ma ferme, il recevrait 30 000 l de lait plaqué. Ce qu'il me faut pour tourner... »
JEAN-MICHEL VOCORET
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique