A première vue, la filière laitière brésilienne a trente ans de retard : l'absence de froid à la ferme comme la rareté des installations de traite rappellent le passé. Un tiers du lait n'est pas collecté. Et pourtant, le pays est exportateur net de produits laitiers depuis 2007.
L'excédent se limite à 2 %, mais il n'empêche que la tendance est durablement installée.
Des élevages spécialisés de type familial
La dimension des élevages est extrêmement variée. Les exploitations familiales (surface inférieure à 200 ha) représentent 80 % du total. Les laitiers sont généralement très spécialisés, même si la part de produits issus de la viande reste traditionnellement élevée. Dans certaines régions, des financements publics sont alloués au retour des paysans sans terre qui choisissent souvent de faire du lait. Les troupeaux se composent de vaches croisées avec des zébus, qui valorisent du pâturage. Tous les veaux sont gardés et constituent une sorte d'épargne sur pied. Les structures de type californien restent très minoritaires et semblent assez mal adaptées.
Selon Philippe Chotteau, qui a observé ce pays pour l'Institut de l'élevage, le fait que les élevages laitiers soient souvent très herbagers constitue à la fois un atout et une faiblesse. Quand les prix montent, il est facile de produire plus en jouant sur la fertilisation des prairies. C'est ce que font les éleveurs. Mais, faute de constituer des stocks fourragers, ils voient leur productivité stagner.
Les laiteries développent le conseil technique pour aider les éleveurs à progresser sur ce plan et à assurer une production plus régulière. Elles encouragent les plus gros livreurs par le prix.
La consommation locale de produits laitiers est en hausse et devrait le rester. Avec 28 % de sa population en dessous du seuil de pauvreté, le Brésil reste un pays très inégalitaire.
Mais cela peut changer très vite. L'espace disponible, notamment aux abords des zones forestières, ouvre des perspectives de développement au lait brésilien.
Les laiteries s'y heurtent souvent au manque d'infrastructures. Et la crise financière les prive de capitaux à un moment où elles ont en besoin. Cependant, on voit aujourd'hui des entreprises du secteur de la viande qui cherchent à investir dans le lait.
PASCALE LE CANN
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