Installés à Maîche dans le Haut-Doubs sur 95 ha d'herbe, Catherine et Pascal Mauvais, associés depuis 2010 avec leur fils, vivent depuis vingt ans avec les campagnols. En encaissant plutôt bien le coup. « Je ne me rappelle pas avoir acheté du foin. On a toujours eu du stock de report », explique Pascal, adepte de la lutte raisonnée contre les mulots. Il est vrai qu'il fait aussi ce qu'il faut pour assurer la récolte sur ses 50 ha fauchés (apport de lisier au printemps sur 10 ha et après la première coupe, 30 unités d'azote par hectare sur 15 ha et apport de lisier sur le reste). Il faut cela pour nourrir pendant les six mois d'hiver 50 montbéliardes à 7 800 kg/VL et leur suite.
Pour cette année, il en sera bien autrement. Pascal espère, au mieux, récolter un cinquième de son tonnage de foin habituel et sauver la mise pour ses laitières avec les deuxième et troisième coupes... si la météo est propice et les mulots pas trop nombreux. Mais au final, le compte n'y sera sûrement pas. Pour la première fois de sa carrière, il a réservé une soixantaine de balles rondes. Le drame de cette année : la conjugaison d'une pullulation de campagnols hors normes et d'un printemps pourri. « Les mulots sont arrivés fin août 2012 dans des proportions jamais vues. On n'a rien pu faire », explique Pascal. Résultat : 40 ha de prés de fauche touchés avec des dégâts de 50 à 100 %. Pour la première fois de sa vie aussi, Pascal a semé de l'avoine pour la faner. Mais dans les conditions de semis pas idéales : un terrain trop humide pour herser, semer et rouler correctement, une terre trop froide pour la graine. Sans surprise, l'avoine n'est pas sortie partout ou de façon irrégulière. Vingt hectares ont dû être ressemés en foin. Coût de ces semences : près de 4 000 €. Et ne parlons pas des heures de travail de la fin avril à début juin, entre deux averses et parfois tard le soir...
10 000 l de lait non produits et 2 g/l de TP et TB perdus
Les laitières n'ont pas non plus été épargnées. Sorties début mai, elles sont rentrées au bout de quinze jours, pour ressortir début juin. Là encore, une première. En cause : l'excès de piétinement mais surtout le manque d'herbe, toujours ces maudits mulots. À l'heure des comptes, le manque à gagner est lourd : 10 000 l de lait à comté non-produits à 480 €/1 000 l, 2 g/l de TP et de TB perdus à 6,10 et 3,05 €/1 000 l le gramme sur les 60 000 l livrés. Soit une perte directe de 5 900 €, sans compter le foin des quinze jours de stabulation en mai et celui distribué ensuite pour compenser une herbe trop rare. Il y a aussi cette vache qu'il a fallu réinséminer et qui en annonce d'autres.
JEAN-MICHEL VOCORET
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique