Dès le mois de septembre, votre revue vous informait d’une surestimation des comptages cellulaires du lait collecté en France comprise entre +15 et +20 %. Une situation lourde de conséquences : des producteurs français davantage pénalisés par rapport à leurs voisins européens, des suspensions de collecte abusives, des réformes infondées en élevages, mais aussi une indexation des bovins français dépréciée.
Des disparités connues de longue date
Pour rappel, le comptage des leucocytes dans le lait repose sur des mesures en laboratoires interprofessionnels, sous la responsabilité du Cniel qui définit quel matériel de mesure est agréé. Puis, ce matériel est étalonné à partir d’échantillon à teneur garantie (ETG) fourni par Actalia-Cecalait. À travers le monde, il n’existait pas moins de 22 ETG pouvant expliquer les écarts de qualité du lait entre pays. Mais depuis février 2020, un nouvel étalon international encouragé par la Fédération internationale laitière (FIL) devra permettre d’éviter ces disparités dès sa mise en service. Pourtant, ces disparités étaient connues au sein de la filière, mais d’un seul cercle d’initiés. Philippe Le Page, vétérinaire dans le Finistère et véritable lanceur d’alerte, avait déjà interpellé le Cniel après avoir lui-même constaté sur le terrain des différences de résultats entre les comptages réalisés à l’aide d’un compteur DCC (compteur Delaval agréé) et ceux du laboratoire interprofessionnel de Carhaix.
« Un écart de 25 %, voire plus »
« La France lave plus blanc que blanc depuis des années, explique le praticien : en l’absence d’un étalon international, cet écart était connu et évalué par la maison du lait à moins de 15 %. » Avec Gaël Gounot, vétérinaire en Ille-et-Vilaine, il décide alors de poursuivre ses investigations et transmet des échantillons de lait taré Actalia-Cecalait à des laboratoires de cinq pays européens : Espagne, Grande-Bretagne, Italie, Belgique et Allemagne. Tous leurs retours confirment les résultats du praticien obtenus avec le compteur DCC : « L’analyse des résultats montre que l’écart est de + 25 %, voire davantage. C’est-à-dire que lorsque Actalia-Cecalait annonce 400000 cellules en France, l’équivalent dans ces pays est au pire de 300000 cellules. »
Jérôme Pezon
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