La marge sur coût alimentaire (MSCA) est-elle un outil pertinent pour évaluer les performances économiques d’un troupeau laitier ?
Pauline Vereecke : Non, la MSCA seule ne suffit pas. C’est un point de repère à un instant t, elle n’aborde pas la cohérence économique globale du système d’élevage. Un éleveur peut en effet avoir une bonne MSCA, mais une mauvaise marge brute globale et inversement. Par exemple, la MSCA peut être élevée avec des vaches très efficaces à un moment donné (lait produit/matière sèche ingérée) grâce à une ration riche en concentrés ou en coproduits, mais une mauvaise marge brute finale car il y a en parallèle des surfaces en herbe qui sont mal valorisées.
Dans un contexte de forte variabilité du prix des aliments, mais aussi du prix du lait payé aux producteurs selon leurs laiteries, la MSCA offre un repère économique régulier dans le cadre du suivi d’élevage. Elle est simple à calculer et plus complète que le seul coût alimentaire. Elle est obtenue très rapidement en routine, en fonction de la ration du jour :
Produit lait (volume x prix toutes primes confondues) – Coût de la ration
Pour calculer le coût de la ration, les conseillers d’ACE s’appuient sur les quantités d’aliments consommées par les vaches traites et leur prix unitaire, soit le prix d’achat, soit une grille forfaitaire appliquée pour les fourrages comprenant les frais d’intrants (semences, engrais, phytos) et de mécanisation.
Y a-t-il des objectifs chiffrés à se fixer en matière de MSCA ?
P. V.: Chez les adhérents d’ACE, la MSCA était en moyenne de 280 €/1 000 litres en septembre, soit 8 €/vache/jour. Sur le terrain, nous avons tendance à viser une marge supérieure à ces 8 €. C’est un des repères qui permet de vérifier mois par mois si je suis cohérent avec mes objectifs de marge brute, qui elle-même préfigure le niveau d’EBE : l’idée est en effet de se fixer un objectif d’EBE dont va découler un besoin en marge brute globale qui amènera un objectif de MSCA de l’élevage. À partir de là, l’éleveur peut piloter le troupeau en vue d’atteindre le niveau de marge attendu.
Sur ce principe, le conseiller peut proposer différentes simulations, pour évaluer l’intérêt économique d’une ration plus ou moins poussée en concentrés, tout en respectant bien sûr les grands équilibres zootechniques de l’alimentation des bovins (pourcentage de concentrés, taux d’amidon…). Il faut ensuite valider sur le terrain que la réponse du troupeau correspond bien à ces simulations. Lorsque la réponse en lait n’est pas celle attendue, cela offre un large champ d’investigations : défaut d’accessibilité à l’auge, qualité des fourrages, stade de lactation trop avancé… Ainsi, la MSCA est un indicateur économique qui ouvre les portes de la technique.
Dans la pratique, a-t-on toujours intérêt à maximiser la marge sur coût alimentaire ?
P. V.: Cela dépend des objectifs d’EBE et de marge brute que l’éleveur s’est fixés, mais aussi du système d’élevage. Dans un système très pâturant, la recherche de maximisation de la MSCA n’est pas toujours pertinente si elle se fait au détriment de la valorisation des surfaces en herbe. Dans le cas d’un élevage limité par le nombre de places en bâtiment, j’ai intérêt à maximiser la MSCA/vache/jour, tout en gardant, comme déjà évoquée, la cohérence globale du système, c’est-à-dire la bonne valorisation des surfaces fourragères dans le but de maximiser la marge brute globale de l’atelier lait.
La compilation des données sur la zone ACE constitue également un outil d’aide à la prise de décision en permettant de se comparer à d’autres éleveurs groupés au sein d’un même système.
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