« Le TB de mon troupeau holstein stagne. Comment aller chercher les grammes de matière grasse supplémentaires pour bénéficier à plein du bonus interprofessionnel ? » Un éleveur de l’Oise
réponse de l’expertstrong
La base du rationnement pour produire un lait riche en matière utile consiste d’abord à assurer la couverture des besoins énergétiques et protéiques de l’animal, soit un apport à respecter de 0,95 UFL et 100 g de PDI/kg de MS.
Pour faire du TP, la ration doit être suffisamment riche en UFL.
Pour que la vache fabrique du TB au niveau de la mamelle, il lui faut des acides gras volatils (AGV) pairs, c’est-à-dire de l’acide acétique (C2), un nutriment issu de la digestion des parois végétales (ensilage d’herbe + tiges et feuilles du maïs ensilage) et/ou de l’acide butyrique (C4) issu de la dégradation des sucres que l’on retrouve, par exemple, dans l’herbe jeune ou dans la betterave…
Les apports de matière grasse alimentaire ne devront pas dépasser 4 % de la ration (surtout les acides gras insaturés), car ils viennent inhiber la synthèse mammaire d’acides gras du lait. Je pense aux rations enrichies en oméga 3 avec du lin ou à la distribution de tourteaux de colza gras. Huit fois sur dix, ces matières grasses alimentaires font baisser le TB.
Le concentré en excès est l’ennemi du TB
Tous les aliments ont des prédispositions à produire plutôt du C2, du C4 ou du C3 (acide propionique). Cependant, la qualité de la ration n’est pas le résultat de l’addition de la valeur de chacun. L’environnement et les pratiques alimentaires de l’élevage sont à l’origine d’interactions digestives qui vont largement influer sur le devenir des nutriments. Un facteur déterminant est le pH du rumen : un pH bas est défavorable à la fabrication de C2. Pour rappel, le seuil limite d’acidose est fixé à 40 % de concentrés dans la ration et 25 % d’amidon. Mais si l’on cherche à booster le TB, j’invite à se rapprocher de 20 % de concentrés et 18 % d’amidon (soit 4,2 kg de concentrés et 12 kg de maïs ensilage pour une ingestion totale de 21 kg de MS).
Sur ce principe, une solution consiste à substituer une part de maïs par de l’herbe jeune (viser une récolte du ray-grass à 40-45 cm, au stade deux nœuds début montaison). Cet apport de fibres très digestibles permet de maintenir un pH optimum en limitant le taux d’amidon, sans déconcentrer la ration.
En revanche, la paille, comme les ensilages d’herbe ou de luzerne très tardifs, apportés pour faire ruminer en prévention de l’acidose, ne sont pas la solution. Ces fourrages sont mal valorisés par les vaches hautes productrices qui, par conséquent, ne produiront pas suffisamment de nutriments disponibles pour fabriquer du TB. De plus, la distribution de concentrés et/ou de céréales, pour corriger la déconcentration énergétique de la ration induite par ces fibres peu digestibles, va pénaliser le TB tout en augmentant le coût de la ration.
Une ambiance fraîche favorable au TB
L’environnement influe également sur la qualité du lait : le confort à l’auge (un accès difficile pénalise l’ingestion et/ou sa régularité) ou le confort thermique. Savez-vous qu’en situation de stress thermique, une vache réduit sa rumination et donc sa production de TB ?
Si le TB ne décolle pas, il faudra d’abord identifier l’origine du problème. Un bilan énergétique excédentaire ou déficitaire de 5 UF aboutira dans les deux cas au même résultat : un TB bas. Si TB et TP sont faibles, c’est bien le signe d’un manque d’énergie. Si le TB est faible, mais pas le TP, c’est sûrement dû à un manque de parois végétales digérées, lié à un transit trop rapide, à une ration trop riche en concentrés ou à un niveau d’ingestion trop élevé. Pour ne pas être pollué par les fonds de pis, analysez les TB et TP des vaches à moins de 100 jours de lactation. Leurs performances sont le reflet des pratiques mises en œuvre dans le troupeau.
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