Les oligo-éléments : des quantités infimes mais indispensables à l’organisme

Apportez-vous une complémentation en oligo-éléments à vos bovins ? Si oui, sous quelle forme : seaux à lécher, bolus, voie injectable ? (©Virbac)
Apportez-vous une complémentation en oligo-éléments à vos bovins ? Si oui, sous quelle forme : seaux à lécher, bolus, voie injectable ? (©Virbac)

Les oligo-éléments sont présents en très faible quantité dans l’organisme des bovins mais ils ont un rôle crucial dans certaines réactions chimiques et biologiques. Ils interviennent notamment au niveau de l’immunité, de la coagulation du sang, du métabolisme des sucres et des graisses, de l’activité de la flore du rumen, etc.

« Les carences en oligo-éléments peuvent avoir des conséquences non négligeables en élevages bovins, tant en termes de santé que de performances, compte-tenu de leurs multiples rôles physiologiques », déclare Guillaume Lequeux, vétérinaire et membre consultant de la commission vaches laitières du syndicat national des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).

Les principaux oligo-éléments d’intérêt chez les bovins sont le cuivre, le zinc, le sélénium et l’iode, et, dans une moindre mesure, le cobalt, le molybdène et le manganèse. Ils sont présents à l’état de « trace » et mesurés en partie par million (ppm) ou en milligramme (mg). Pour autant, leur présence dans l’organisme est primordiale.

De plus en plus de bovins seraient carencés en oligo-éléments.
« La fréquence des carences en oligo-éléments semble augmenter, continue Guillaume Lequeux, du fait de l’amélioration des performances des animaux, de la diminution de la concentration en oligo-éléments des rations, avec l’utilisation d’espèces végétales plus productives mais aussi plus pauvres en oligo-éléments : ray-grass, ensilage de maïs, et des possibles interactions entre oligo-éléments. »
Oligo-élémentsSignes d'appels d'une carenceCommentaires
Sélénium - Augmentation de la prévalence et de la gravité des mammites, des rétentions placentaires, des métrites
- Aggravation des désordres métaboliques post-partum
- Diminution de la fécondité et de la fertilité, avortements ou mises-bas prématurées
- Myopathie du nouveau-né (maladie du muscle blanc ou syndrome de myopathie dyspnée)
- Échec vaccinal
Cuivre- Anémie
- Achromotrichie (dépigmentation des poils)
- Infécondité et infertilité (surtout si la carence est due à un excès de molybdène)
- Perte de poids, retard de croissance
- Fractures spontanées
- Hypertrophie et dégénérescence du myocarde (tissu musculaire du cœur)
- Mort subite
- Ulcère de la caillette chez le veau
- Échec vaccinal
- Délai d'apparition des symptômes : après 170 jours de carence
- Symptômes plus sévères si la carence est secondaire à un excès de molybdène

Zinc- Boiteries
- Retard à la cicatrisation, parakératose (éruption cutanée), maladies cutanées diverses
- Alopécies (perte de poil)
- Avortements, saignements utérins importants lors du vêlage
- Chez le veau : faiblesse, diarrhée, retard de croissance, démarche raide, zone d'alopécie et d'épaississement localisé de la peau
- Délai des symptômes de l'ordre de 10 jours
Manganèse- Anomalie du squelette : membres tordus et plus courts (chondrodystrophie congénitale)
- Chez le veau : jarrets droits chez les animaux plus âgés
Cobalt- Immunodépression et aggravation des syndromes métaboliques post-partum
- Infertilité
- Anémie
- Trouble du pelage
- Augmentation de la mortalité périnatale : veaux mort-nés, lents pour téter
- Chez le jeune : anorexie, pica, retard de croissance
- Apparition des symptômes après plusieurs mois de carence
Iode- Retard de croissance, chute de la production laitière
- Baisse de fertilité et anœstrus
- Avortements et rétentions placentaires
- Goitres chez les veaux
- Délai très variable d'apparition car nombreux phénomènes de recyclage et de stockage
- Aggravation des symptômes en période froide

Pas de signes cliniques caractéristiques

Lorsque l’éleveur apporte moins d’oligo-éléments à l’animal que ce dont son organisme a besoin, celui-ci ne montre pas toujours de signes cliniques caractéristiques. Mais des pathologies réfractaires aux traitements habituels doivent alerter, comme des mammites, des atteintes locomotrices, des baisses de performances reproductives, des veaux plus fragiles, des échecs vaccinaux.

Les plateaux calcaires et les zones de montagnes sont déficitaires en oligo-éléments.
La vache trouve les oligo-éléments dont elle a besoin dans son alimentation. Aussi, l’éleveur doit rester vigilant concernant les niveaux d’apports car les sols de certaines régions sont connus pour être déficitaires en oligo-éléments, comme les plateaux calcaires (déficit en cuivre, zinc, manganèse) ou les zones de montagnes (déficit en iode). De plus, la plupart des sols français manquent de sélénium.

Des complémentations peuvent être apportées aux animaux sous la forme de seaux à lécher, de bolus ou même par voie injectable. « Tout dépend de la situation de carence car chaque mode d’administration a ses avantages et ses inconvénients », considère Guillaume Lequeux.

Différentes possibilités de complémentation

« Les seaux à lécher en accès libre sont d’une gestion facile pour l’éleveur mais la consommation entre animaux peut varier fortement » (compétition), explique le vétérinaire. Les bolus ont une libération prolongée dans le temps avec une quantité assurée pour chaque animal mais ils doivent être posés individuellement. « La voie injectable permet de résoudre des situations d’urgence par exemple mais elle nécessite de contenir les animaux », continue Guillaume Lequeux.

Un dosage des quantités d’oligo-éléments par prise de sang ou par détection dans le lait dans le cheptel, voire par animal, est une démarche intéressante sur le plan technique. Mais comme le précise Guillaume Lequeux, « la mise en évidence de carences en oligo-éléments nécessite une démarche rigoureuse ne reposant pas uniquement sur les examens de laboratoire ». Si les analyses de sols n’ont que peu d’intérêt immédiat, des analyses de fourrages apparaissent plus pertinentes, croisées aux analyses sanguines issues des animaux et aux autres éléments composant la ration.

Par ailleurs, les besoins en oligo-éléments varient en fonction des périodes de vie de l’animal : tarissement, vêlage, mise à la reproduction, stress, etc. Des carences dites secondaires existent aussi du fait d’interactions entre oligo-éléments, selon le vétérinaire. Ainsi, un excès de fer et de molybdène, fréquent dans certains fourrages, entraîne une diminution de l’absorption des autres oligo-éléments. La question de l’apport d’oligo-éléments est donc complexe et nécessite pour l’éleveur de s’y pencher avec attention.

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