Des formulations d'aliments qui limitent l’empreinte carbone de l’élevage

L’élevage bovin doit relever trois défis pour aller vers la neutralité carbone : agir à tous les échelons de la filière, absorber les surcoûts par de meilleures performances technico-économiques et obtenir un consentement à payer des consommateurs pour des produits au meilleur profil environnemental. Cédric Faure, de CCPA, et Damien Craheix, d’Eureden, sur le plateau de la Space TV, partagent des pistes pour y arriver.

Les éleveurs sont prêts à réduire les rejets de gaz qui favorisent le réchauffement climatique, mais ils ne peuvent le faire durablement qu’à condition de maintenir leurs performances technico-économiques. « Pour réduire ses émissions, la première étape est de réaliser un bilan carbone, conseille Damien Craheix, responsable transformation et innovations chez Eureden, groupe coopératif breton. Il permet d’identifier les postes les plus émetteurs, donc de prioriser ses actions. »

Améliorer l'efficacité alimentaire

Parmi les pistes les plus souvent identifiées, il y a la limitation du nombre d’animaux improductifs, en réduisant l’âge au premier vêlage et en augmentant la longévité de ses vaches. Une autre possibilité est de gagner en efficience au niveau des intrants. En élevage, l’efficacité alimentaire est l’une des clés d’entrée, en valorisant au mieux fourrages et concentrés. « Une ration doit parfaitement couvrir les besoins, rappelle Cédric Faure, responsable ruminants de la firme services en nutrition animale, CCPA. Si elle apporte plus, cela occasionne du gaspillage. À l’inverse, si elle ne couvre pas entièrement les besoins, les performances seront diminuées, ce qui augmente le niveau d’émissions par kilo de produit fini. » Le travail sur les rations permet de concilier performances techniques et économiques et optimisation des rejets de carbone. Il est possible d’aller plus loin par des changements au niveau du système d’exploitation, comme la mise en place de prairies permanentes pour stocker du carbone ou l’investissement dans la méthanisation.

Pour réduire l’empreinte carbone de l’élevage, c’est toute la filière qui se mobilise. « À notre échelle, celle de la nutrition animale, nous avons changé nos pratiques d’approvisionnement, témoigne Damien Craheix. Pour les tourteaux, on se fournit en soja certifié, issu de zones non déforestées. On diversifie nos ressources, en visant des approvisionnements les plus locaux possibles. Ça nous demande d’investir dans du stockage, de revoir nos formulations. » CCPA accompagne les éleveurs dans ces évolutions par la caractérisation des matières premières. « C’est souvent plus compliqué que du simple remplacement, car il y a des synergies entre ingrédients », reconnaît Cédric Faure. La firme service propose également des additifs alimentaires issus de solutions naturelles, qui peuvent aider à réduire les rejets de gaz à effet de serre. « Vivactiv’ améliore l’efficacité alimentaire et permet de réduire de 26 % les émissions d’un correcteur azoté », présente ainsi Cédric Faure

Remonter la filière pour diminuer l’empreinte environnementale

Le travail en filière se fait aussi vers l’amont, pour faire connaître ces efforts auprès des consommateurs. « Au travers de Laïta, explique Damien Graheix, nous communiquons sur nos nouvelles pratiques. Mais le consentement à payer plus cher pour un produit décarboné n’est pas encore là. » Pour valoriser leurs efforts, les producteurs regardent par ailleurs du côté de la rémunération des économies de carbone. « Pour compenser leurs propres émissions de carbone, des entreprises payent les éleveurs qui ont réduit les leurs, schématise Damien Craheix. C’est un marché qui commence à se structurer. Aujourd’hui, il atteint 30 € la tonne. Il faudrait arriver à 100 € pour absorber les surcoûts. » Pas à pas, la décarbonation de l’élevage est en marche.

Article et vidéo réalisés par Web-agri Factory et proposé par CCPA.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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