Stéphane Le Foll mobilise contre le découragement de la filière porcine

Paris, 31 mars 2015 (AFP) - Les acteurs du porc à l'agonie, entre guerre des prix et embargo russe, ont obtenu mardi le soutien du gouvernement dans le bras de fer qui les oppose à la grande distribution.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll se réserve la possibilité de « réguler » les promotions à répétition qui mettent la barquette de viande à 1,60 euro le kilo en rayons, à peine le coût de production, sommant les distributeurs de trouver une solution d'ici la fin avril. « J'ai la possibilité de prendre un arrêté pour encadrer ces opérations dès lors qu'elles perturbent le marché », a indiqué Stéphane Le Foll à l'Afp, au terme de plus de deux heures de discussion avec l'ensemble des acteurs - éleveurs, abatteurs, transformateurs, distributeurs.

Pour la première fois depuis deux ans, toute la filière était convoquée au ministère pour étudier les moyens de sortir de l'ornière alors qu'un tiers au moins des éleveurs sont en difficulté -« condamnés » dit Xavier Beulin, président de la Fnsea - et 10 % en cessation de paiement, selon les banques présentes. La production qui s'amenuise avec de nombreux éleveurs en faillite rejaillit sur l'activité industrielle en aval - abattage et transformation - entraînant toute la filière dans le découragement.

Mardi, au moment même de la réunion, le tribunal de commerce de Coutances (Manche) commençait à examiner le sort des abattoirs Aim dont 276 des 590 salariés verraient leurs emplois sauvés grâce à des offres de reprise, selon l'avocate des salariés. Un an après la fermeture de Gad dans le Finistère (889 licenciements).

Les « promos » en rayons ne sont certainenement pas les seules en cause mais un marqueur pointé du doigt par des professionnels au bout du rouleau, explique Alain Auffray, président de la Fédération nationale porcine (Fnp), satisfait, à l'issue de ce rendez-vous, de pouvoir rentrer avec quelques propositions pour sa base.

Promotions balisées

« Il nous manque 20 centimes par kilo pour s'en sortir, soit 15 à 20 euros par porc », explique-t-il. « Et d'un jour à l'autre, en rayon, notre marchandise perd 5 euros. On n'est pas contre les promotions, à conditions qu'elles soient balisées », insiste-t-il en suggérant deux périodes, la rentrée de septembre et celle de janvier « pour relancer la consommation après les fêtes ». « Il y a une vraie attente sur le terrain », insiste-t-il : « La guerre des prix condamne l'élevage français à court terme. »

Les éleveurs réclament aussi une meilleure valorisation de la viande de porc française, produite selon des normes de bien-être animal, d'alimentation et de transport qui alourdissent les coûts et créent une distorsion supplémentaire de concurrence par rapport aux voisins allemands ou espagnols. « Vu l'état de délabrement, il faut retravailler avec chaque acteur de la filière et construire un climat de confiance » juge Alain Auffray.

En plus d'aides d'urgence - allègement de charges (9 millions), soutien à l'investissement en faveur des abattoirs (65 millions dont 20 immédiatement) - Stéphane Le Foll a avancé des mesures structurelles pour améliorer la compétitivité de la filière, avec l'accès aux contrats et exonérations en faveur de l'emploi des jeunes et des seniors. « Avec le Cice (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi), on arrivera au même niveau de charge que l'Allemagne », explique-t-il, « mais pas encore à celui de l'Espagne où le Smic est plus bas ».

Un dumping social meurtrier, régulièrement dénoncé par la filière. « Donner un coup d'arrêt à la spirale des dépôts de bilan qui frappe les entreprises de l'abattage-découpe est plus qu'urgent », alerte Thierry Meyer, président de la commission porcine au Syndicat des Entreprises de la Viande (Sniv-Sncp). « Tous les maillons de la chaîne sont à revoir afin de se repositionner par rapport aux concurrents européens », renchérit Xavier Beulin. Le patron du premier syndicat agricole de France réclame ainsi que les engagements pris pour alléger les procédures d'enregistrement ou d'extension des élevages porcins soient appliquées pour de bon.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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Holstein

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