Des taurillons avec 1,6 kg de Gmq en autonomie protéique, c’est possible !

Composé de trois associés, ce Gaec familial bourguignon élevait 70 vaches laitières en race brune des Alpes pour un quota de 700.000 litres. Les mâles de l’exploitation étaient engraissés sur place. Après le départ en retraite de ses parents et à la perspective du manque de main d’œuvre, Romain a décidé de changer de production. Depuis mai 2013, le troupeau de vaches laitières a laissé place à l’engraissement de 300 taurillons charolais et à un troupeau allaitant de 20 vaches salers.

Actionner le levier alimentaire

Le Gaec est dépendant des cours du marché lors de l’achat des broutards et lors de la vente des taurillons. Le seul levier pour augmenter le revenu est d’optimiser les coûts de production. En sachant que le principal poste de dépense est l’alimentation, Romain a fait appel aux conseils de Thomas Droyer du cabinet Bdm.

Principal poste de dépense dans l'alimentaire : les protéines. Elles sont indispensables à l’engraissement. Leur coût relativement élevé, augmente sans cesse au niveau mondial, en raison d'une demande accrue notamment des pays émergents. Par conséquent, le premier objectif du conseiller a été de rendre l’éleveur indépendant pour la production des protéines contenues dans la ration. Pour cela, il a étudié le système fourrager de l’exploitation afin d'identifier la source de protéines d’avenir.

Ensilage de luzerne 

La luzerne était auparavant utilisée dans la ration des vaches laitières sous forme de foin et de déshydraté. Historiquement cultivée sur l’exploitation, elle bénéficie de tout le savoir-faire des éleveurs pour produire un bon niveau de protéines. En effet, les analyses retranscrivent un fourrage de qualité avec des teneurs en Matières azotés totales (Mat) variant de 18 % à 22 % selon les coupes. En général, trois coupes de luzerne sont réalisées en ensilage et une en foin pour sa pérennité.

  Analyse des coupes de luzerne : MS, Mat, Ufl et équivalence au soja

L’inconvénient de la luzerne est sa faible concentration énergétique comme les analyses des différentes coupes nous le révèlent dans le tableau ci-dessus (0,58 à 0,72 Ufl). L’utilisation de la luzerne doit donc être associée à une source d’énergie concentrée.

Le maïs grain humide complète l’ensilage de luzerne

L’utilisation de l’ensilage de luzerne comme source de protéines entraîne un encombrement important du rumen. Pour corriger le niveau énergétique de la ration, il faut employer une source concentrée d’énergie. L’ensilage de maïs plante entière (Empe) auparavant utilisé sur l’exploitation n’est pas suffisant pour cela en raison de son encombrement trop important par rapport à sa densité en énergie. Le conseiller en nutrition du Cabinet Bdm a donc orienté la récolte du maïs sous forme de maïs grain humide plutôt que d’ensilage plante entière. En effet, le maïs grain humide avec ses 1.22 Ufl offre une concentration bien supérieure au 0.92 Ufl de l’Empe.

0,80 € d’économie /j/animal

Une fois les cultures récoltées, le nutritionniste Thomas Droyer, a pu établir la ration nécessaire, permettant de conserver des performances similaires aux rations ensilage de maïs avec correcteurs azotés traditionnels. La ration est calée à 0.97 Ufl/ kg de MS et 15 % de Mat.

Avec cette ration, les éleveurs et le conseiller en nutrition mesurent des Gmq de 1.6 kg de moyenne sur les taurillons. Cette ration coûte 1.32 €/animal/jour en phase de croissance soit 80 centimes de moins que la ration traditionnelle utilisée auparavant avec des tourteaux. De plus, l’éleveur constate des animaux plus calmes et avec moins de problèmes physiologiques.