
« Nous avons besoin de stabilité pour avancer. » Xavier Beulin, Jean-Philippe Girard et Philippe Mangin, présidents respectivement de la Fnsea, de l'Ania et de Coop de France, demandent l’instauration par le gouvernement d’un moratoire fiscal et social. Pour l’écotaxe, il faut remettre le dispositif à plat et exonérer la filière agricole.
Philippe Mangin, président de Coop de France, Xavier Beulin, président de la Fnsea et Jean-Philippe Girard, président de l'Ania (©Terre-net Média)« Sur les cinq continents, les carnets de commande de produits agricoles et agro-alimentaires sont pleins et nous n’avons pas la possibilité d’y répondre ». C’est le paradoxe auquel est confronté l’ensemble de la filière agricole et agroalimentaire. Il a été dénoncé ce mercredi 13 novembre par les trois présidents de la Fnsea, de l’Ania et de Coop de France réunis pour faire part à la fois des difficultés rencontrées pour être compétitifs sur les marchés et de leurs inquiétudes face à « l’autisme du gouvernement » pour y répondre.
Xavier Beulin, Jean-Philippe Girard et Philippe Mangin, les présidents de ces trois organisations, déplorent que la France soit, non seulement pas en mesure de profiter de la croissance de la demande mondiale de produits agricoles, mais surtout que sa production agricole soit en déclin depuis quelques années. Elle n’est plus que le quatrième exportateur mondial de l’Union européenne !
Et aucun signe, à court et moyen terme, ne laisse penser que la situation se redressera. Les manifestations « des bonnets rouges » de ces derniers jours traduisent avant tout le désarroi dans les territoires où l’agriculture et l’agroalimentaire occupent une place prépondérante dans l’économie locale.
L'écotaxe, une charge en plus
« L’écotaxe, si elle est appliquée, représentera une charge de transport supplémentaire de 5,8 % », assure Philippe Mangin (Coop de France). C’est une charge qui s’ajoute à d’autres alors que les coopératives attendent toujours la possibilité de bénéficier du crédit d’impôt pour l’emploi et la compétitivité (Cice) pourtant promis depuis un an.
« Si le gouvernement sait que la Commission de Bruxelles s’oppose à cette mesure, qu’il le dise une fois pour toute afin d'envisager alors une autre solution », explique Philippe Mangin. Par exemple, un allègement des charges avec une hausse de la Tva ! Or les 120 millions d’euros attendus constitueraient un nouveau souffle pour relancer l’investissement.
De la simplification
Xavier Beulin déplore de son côté les entraves de l’administration qui refuse de prendre en compte les mesures de simplification en matière d’installation classée pourtant annoncées par le président de la République et par le gouvernement pour faciliter la modernisation des bâtiments agricoles.
Quant au projet de loi d’avenir, présenté ce 13 novembre au Conseil des ministres, il n’aurait « d’avenir » que son nom a expliqué le président de la Fnsea puisqu’il ne comporte aucun volet sur la recherche pour rendre l’agriculture française à la fois écologiquement et économiquement performante. « Et les Giee ne peuvent en aucun cas constituer une réponse aux défis agricoles ».
Ces problèmes sont des exemples parmi d’autres sur lesquels les trois présidents de la Fnsea, l’Ania et Coop de France ne parviennent pas à se faire entendre des ministres de l’Agriculture et de l'Agroalimentaire. Ils sont pourtant cruciaux pour que leurs entreprises retrouvent de la compétitivité sur les marchés.
En effet, le solde commercial de 11 milliards d’euros ne reflète pas la réelle conjoncture des filières agricoles et agroalimentaires. Les parts de marché stagnent à l’international quand d’autres progressent.
Les trois présidents de la Fnsea, de Coop de France et de l’Ania ne s’inscrivent pas dans une opposition systématique au gouvernement de Jean-Marc Ayrault et de son ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Ils savent très bien que le gouvernement de François Fillon est en partie responsable de la situation actuelle des filières agricoles et agroalimentaires. L’écotaxe a été créée par Jean-Louis Borloo alors qu’il était ministre de l’Environnement. Mais la politique conduite par l’actuelle majorité depuis 18 mois n’a fait qu’aggraver la situation, selon les trois présidents.
Un moratoire fiscal et social
Ce que demandent Xavier Beulin, Jean-Philippe Girard et Philippe Mangin, c’est d’abord l’instauration par le gouvernement d’un moratoire fiscal et social. « Nous avons besoin de stabilité pour avancer » et un rendez-vous avec le Premier ministre et le ministre de l’Agriculture.
Pour l’écotaxe, il faut remettre le dispositif à plat et exonérer la filière agricole de la taxe. « Sous sa forme actuelle, il pénalise d’abord les trajets de moins de 200 kilomètres qui représentent 70 % du trafic ». Ce qui est contraire à l’objectif recherché. Quant au fond de modernisation de l’élevage de 200 millions d’euros annoncé dans le cadre de la mise en œuvre de la Pac, le président de la Fnsea souhaite qu’il soit ciblé sur quelques projets pour redresser des filières et surtout pas qu’il soit atomisé dans les régions ».
Enfin, Jean-Philippe Girard souhaite une révision complète du projet de loi sur la consommation qui passera en seconde lecture à l’Assemblée nationale. « Nous nous étions félicités que le projet de loi Hamon revisite la Lme de 2008 », commente Philippe Mangin. « Mais sous sa forme actuelle, le projet de loi Hamon sera une catastrophe pour l’emploi, l’investissement et la croissance », déplore Jean-Philippe Girard. « Il ne donne aucune garantie aux industriels pour inciter la grande distribution à respecter les contrats signés et pour répercuter les hausses des prix des matières premières », ajoute t-il.
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