Les élevages aux Urgences faute de remèdes efficaces

Les élevages aux Urgences faute de remèdes efficaces

Tous les indices de production sont au rouge. Les filières animales exsangues après des années de crises, ne profitent pas de la croissance mondiale de la demande de produits carnés. Et à la veille d’une réforme profonde de la Pac, rien n’indique que l’avenir sera meilleur.

Vaches normandes
La contractualisation balbutiante en production animale montre que les éleveurs ont aussi besoin
d’outils solides de stabilisation des prix et de maîtrise de la production. (© Terre-net Média)
Quel paradoxe ! Les prix des produits animaux n’ont jamais été aussi importants et pourtant, toutes les productions animales déclinent. En cette période de négociations budgétaires à Bruxelles, les éleveurs sont malades des crises passées, de l’absence pendant des années de prix rémunérateurs et aujourd’hui, des intrants qui grèvent leurs revenus.

Les cours des céréales étranglent leurs marges et la contractualisation, qui devrait intégrer les coûts de production des éleveurs, déçoit déjà. Le récent "Observatoire des marges et des prix" n’apporte aucune réponse à l’évaporation des marges entre les différents maillons des filières. Et mercredi 20 novembre, les dernières déclarations des ministres de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Consommation (Stéphane Le Foll, Guillaume Garot et Benoit Hamon) ajoutent encore plus d’inquiétude. Ils ont, en effet, expliqué que les coûts de production n’ont pas à être intégralement reportés sur les produits vendus aux consommateurs afin de préserver leur pouvoir d’achat. Et ce, sans donner de solution de rechange.

Décrochage entre céréaliers et éleveurs

Et ce n’est pas la tournure que prend la réforme de la Pac pour l’après 2013, en mal de budget, qui remédie à l’absence de visibilité et de perspectives. Aussi, pour de nombreux éleveurs, le bonheur est dans les céréales. Et certains d’entre eux songent à se réorienter. Dans moins d’un mois, les prochaines prévisions de revenu agricole, en forte hausse pour 2012, pourraient renforcer ce malaise en révélant de forts décrochages entre les céréaliers et les éleveurs dans des proportions jusque-là jamais égalées.

Aussi, pour faire connaître leur désarroi et leurs inquiétudes, les éleveurs n’ont pas d’autre alternative que de redescendre dans la rue : manifestation à Bruxelles des producteurs de lait de l’Apli le 26 novembre, colloque de la Confédération paysanne sur l’avenir des producteurs de lait à Fougères le 29 novembre après des actions conduites par le même syndicat à Albi pour défendre les petits ruminants… Des propositions fusent de tous bords pour sauver l’élevage et réorienter la réforme de la Pac. En janvier 2013, la Confédération paysanne a prévu d'organiser deux nouvelles manifestations d’éleveurs.

A deux mois des élections des Chambres d’agriculture, cette période électorale est aussi l’occasion de remettre en cause le syndicalisme majoritaire (Fnsea, JA) qui porte, selon une partie du monde agricole, une part de responsabilité dans le désarroi des éleveurs.

Plusieurs revendications

Concrètement, les dernières revendications des syndicats des éleveurs français portent sur la revalorisation, après 2014, des aides directes des premiers hectares ou des surfaces fourragères ou encore, sur le recouplage des aides animales avec, par exemple, la mise en place d’une aide unique par Ugb, afin de préserver le secteur animal d’une convergence drastique.

Mais les aides ne sont pas des réponses suffisantes à la volatilité des prix. La contractualisation balbutiante en production animale montre que les éleveurs ont aussi besoin d’outils solides de stabilisation des prix et de maîtrise de la production. Le fléchissement du prix du lait de ces dernières semaines remet de nouveau en question l’intérêt d’abandonner les quotas en 2015 ! Sur tous ces points, Bruxelles n’envoie aucun signal rassurant. Les feux restent au rouge.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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