Améliorer les performances de reproduction des bovins

Insémination artificielle en bovin
Avec le recours à l'IA, l'IVV s'améliore en élevage. (©Adobe Stock/A)

Comment positionner les performances de reproduction de son troupeau bovin, et comment les faire progresser ? Focus sur les résultats détaillés et leur évolution récente grâce à l’observatoire Reproscope.

L’analyse de l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) moyen du troupeau révèle une grande hétérogénéité, avec une moyenne de 418 jours pour les troupeaux laitiers et 408 jours pour les troupeaux allaitants. Les chiffres montrent aussi une grande hétérogénéité géographique avec par exemple, dans le croissant laitier du Nord-Ouest au Nord-Est, des IVV plus faibles et qui se raccourcissent depuis 10 ans. En élevage allaitant, la situation est plus contrastée, avec une tendance générale au raccourcissement, en particulier dans les zones où les IVV sont déjà faibles.

À l’occasion du symposium de la reproduction bovine organisé les 4 et 5 juin à Angers par la société Natual, Fabrice Bidan, responsable du projet Reproduction des ruminants à l’Idele, a présenté un état des lieux pour la campagne 2022-2023. Issu de l'observatoire Reproscope*, il concerne 45 500 troupeaux laitiers (soit 3,1 millions de vêlages et 2,5 millions de vaches inséminées) et 61 800 troupeaux allaitants (3,2 millions de vêlages et 300 000 vaches inséminées).

14 jours d’IVV en moins en Prim’Holstein en 10 ans

En 10 ans, l’évolution de l’IVV moyen du troupeau a été relativement linéaire en production laitière : de 426 à 418 jours. Ce n’est pas le cas en production de viande où les variations aboutissent au final à deux jours de gain : de 410 à 408 jours. Les dynamiques sont très différentes d’une race à l’autre : 14 jours de moins en Prim’Holstein (419 jours en moyenne aujourd’hui), mais 4,4 jours de plus en Normande (418 jours), tandis que la Montbéliarde est stable à 407 jours. Chez les races allaitantes, l’IVV de la Charolaise perd 4 jours (394) et celui de la Blonde d’Aquitaine presque 5 jours (430), tandis que l’IVV de la Limousine augmente de 0,8 jour (407).

Le recours à l'IA a fait progresser les éleveurs

« Le recours à l’insémination artificielle a globalement une influence sur l’évolution de l’IVV, constate Fabrice Bidan. Depuis 10 ans, plus le recours à l’IA est important, plus l’IVV s’est raccourci en Prim’Holstein et Blonde d’Aquitaine ; ou a un allongement limité en Montbéliarde et Normande ; ou a une amplitude interannuelle limitée en Montbéliarde, Charolaise ou Limousine. » En Prim’Holstein par exemple, les troupeaux avec 100 % d’IA ont un IVV moyen de 413 jours (- 18 jours en 10 ans) alors que les troupeaux à moins de 20 % d’IA ont un IVV moyen supérieur à 430 jours (+ 5 jours).

Impact des détecteurs de chaleur

D’autres facteurs font également évoluer l’IVV, à commencer par le poids plus important accordé au caractère « reproduction » dans les schémas de sélection génétique des races. Les innovations technologiques ont également un impact, notamment les détecteurs de chaleur désormais très répandus. Une étude sur une soixantaine de troupeaux a montré un gain de 11 jours d’IVV avec une mise à la reproduction plus précoce (- 4 jours entre vêlage et première IA) et une meilleure détection des retours en chaleur (- 2 jours entre première IA et IA fécondante).

Concernant le niveau de production, « il est antagoniste aux performances de reproduction à l’échelle de la vache, indique Fabrice Bidan. Toutefois, la comparaison de la fertilité en fonction du niveau de production laitière du troupeau montre une valeur moyenne et une variabilité entre les troupeaux quasi-identiques, soit 50 % en moyenne quel que soit le niveau de production du troupeau en Prim’Holstein. »

Performances choisies ou subies ?

Les conditions saisonnières et la qualité des récoltes fourragères ont également une influence sur la fertilité des animaux. Par exemple, Fabrice Bidan a identifié une chute spectaculaire de 4 points du taux de réussite de la première IA en élevage laitier en septembre 2023 par rapport à la moyenne basse des 12 années précédentes. « Ce mois-là, les températures ont été anormalement élevées générant un stress thermique, explique-t-il. De plus, la transition alimentaire a été compliquée entre la mauvaise récolte 2022 et la récolte 2023 tardive. » L’observatoire Reproscope a aussi permis de relever une part plus élevée de vaches improductives en filière allaitante suite aux mauvaises récoltes fourragères de 2016 à 2018.

Plus récemment, le contexte sanitaire avec l’arrivée de la FCO-3, de la MHE et de la FCO-8, a eu des répercussions sur les performances de reproduction, entraînant des baisses de naissance dans les zones d’émergence de ces maladies. « Il est difficile de déterminer l’impact spécifique de chaque facteur sur les performances de reproduction, conclut Fabrice Bidan. De plus, du fait de l’hétérogénéité des systèmes bovins en France, il est important de dissocier les performances choisies ou subies. »

Un second veau chez 70 à 84 % des vaches seulement

D’après Christian Hanzen, docteur vétérinaire et professeur spécialisé en reproduction bovine à l’université de Liège en Belgique, le coût des pathologies de la vache laitière liées à la reproduction représenterait 65 milliards de dollars à l’échelle mondiale, soit près de 20 % du coût total des pathologies. Une modélisation de 7 pathologies de la reproduction (métrite, endométrite, anovulation, rétention placentaire, dystocie, suboestrus, kyste ovarien) d’une ferme laitière hollandaise (200 vaches, 414 jours d’IVV, 8 490 kg de lait/vache/an) indique un coût moyen de 100 €/vache/an. « La reproduction est la cause majeure de réforme, déclare Christian Hanzen. On investit 2 000 euros dans une génisse jusqu’au premier vêlage, et elles n’ont un second veau que dans 70 à 84 % des cas ! »

Viser 26 mois d'âge au premier vêlage

Le professeur estime que l’objectif raisonnable d’âge au premier vêlage est de 26 mois ; qu’au-delà de 380 jours d’IVV, la situation peut être améliorée ; et que l’objectif de 70 jours entre vêlage et première IA (période d’attente) est acceptable. Il identifie quatre groupes d’hypothèses d’allongement de la période d’attente : managériales (saisonnalité des vêlages, niveau de production, détection des chaleurs, protocoles hormonaux, stratégie de diagnostic) ; infectieuses (métrite, endométrite, rétention placentaire) ; métaboliques (acétonémie, acidose, hypocalcémie, bilan énergétique négatif) ; et autres (dystocie, retard d’involution utérine, mortalité néonatale).

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