Piloter les génisses comme un atelier à part entière

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En élevage laitier, l'atelier génisses est un investissement qu'il faut rentabiliser. (©Terre-net Média)
En élevage laitier, l'atelier génisses est un investissement qu'il faut rentabiliser. (©Terre-net Média)

Définir sa stratégie de renouvellement et d’âge au premier vêlage est une première étape préliminaire indispensable en élevage laitier. Xavier SYS, expert génisses chez Seenorest livre ses conseils de conduite et d’optimisation de l'atelier génisses.

« 38 % de primipares, 30 mois d’âge au premier vêlage, un IVV de plus de 420 jours, et un rang moyen de lactation qui stagne autour de 2,2… le constat est là : la période improductive d’une femelle laitière avoisine souvent les 50 %. » Ce sont les mots de Xavier Sys, expert génisses chez Seenorest (groupe Seenergi).

« Ces résultats moyens ne sont pas une fatalité, et les marges de progrès sont bien là. Pour travailler à l’amélioration de ces chiffres, l’élevage de la génisse doit être considéré comme un atelier à part entière, et non plus "noyé dans la masse" des charges de l’exploitation. De façon générale, le discours technique diffusé depuis longtemps est connu : importance du colostrum, vêlage précoce, poids à 6 mois… Et pour autant, l’amélioration des critères n’est pas toujours au rendez-vous. Pourquoi ? Souvent par absence de stratégie d’élevage des génisses adaptée à ses propres objectifs, qu’il faut se définir en amont. »

La meilleure façon de ne pas élever trop de génisses laitières, c’est de ne pas les faire naître

« La stratégie du taux de renouvellement peut être différente d’une exploitation à l’autre : phase d’accroissement de troupeau, volonté d’augmenter la pression de sélection rapidement, problèmes sanitaires temporaires sont autant de raisons d’élever beaucoup de génisses en un temps donné. Mais une fois arrivé en rythme de croisière, un taux de renouvellement raisonnable autour de 30 % est tout à fait accessible et permet de gagner environ 1 kg de lait par rapport à un taux de renouvellement de 40 %. »

Aujourd’hui, 1 primipare sur 4 ne fait pas de deuxième lactation.

« La meilleure façon de ne pas élever trop de génisses laitières, c’est de ne pas les faire naître. Ce qui signifie que le raisonnement doit avoir lieu dès le plan d’accouplement, en limitant le nombre d’inséminations en race laitière (paillettes conventionnelles et éventuellement sexées) au strict nécessaire, après avoir défini une marge de sécurité, et de prévoir le reste en race à viande. Le génotypage peut s’avérer un outil précieux pour aider à choisir les animaux. »

Raisonner l’âge au premier vêlage en fonction de ses objectifs et des contraintes d’exploitation

« De façon générale, la recherche d’un vêlage précoce sera privilégiée pour réduire la période improductive de l’animal. D’autant plus que nos animaux sont capables de vêler à 24 mois, voire 22 mois si la conduite est adaptée, et sans nuire à leur carrière. »

« Il faut avant tout déterminer (et non subir) la période de vêlage de ses génisses. En effet, si l’on souhaite des mises-bas groupées, il est bien évident que l’âge au premier vêlage ne sera pas le même pour toutes les femelles de l’exploitation. Par exemple si l’on souhaite des vêlages de génisses au printemps, la femelle née en octobre ne pourra vêler avant 30 mois. »

« En stratégie "vêlages étalés sur l’année", le vêlage précoce est envisageable pour toutes les femelles. Le cas échéant, il faudra aussi s’assurer éventuellement de la mise en œuvre possible ou pas de la mise en reproduction sur la saison de pâturage, selon les contraintes de chaque exploitation : pâturage éloigné à valoriser, main d’œuvre disponible à certaines périodes, etc… »

« L’importance de la surface en herbe est souvent citée comme un frein à la mise en place du vêlage précoce. Il est vrai qu’il est important de ne pas être amené à sous valoriser ces hectares par manque d’effectifs, mais cela peut s’envisager autrement : conserver un lot de bœufs, et/ou faucher plus d’herbe pour l’intégrer dans les rations hivernales par exemple. »

« Quelle que soit la stratégie retenue, il faudra alors adapter la conduite des génisses en fonction de cet objectif d’âge au vêlage déterminé, si besoin en gérant différemment les lots de génisses (vêlages précoces / vêlages décalés). »

La génisse est un investissement qu’il faut rentabiliser

« Une fois les objectifs calés, il faut ensuite tout faire pour obtenir une génisse de qualité, et considérer celle-ci comme un investissement qu’il faut rentabiliser le plus vite et le plus longtemps possible :

- Le retour sur investissement d’une génisse en vêlage 24 mois commence dès la fin de la première lactation.

- En vêlage tardif (34 mois), celui-ci n’arrive environ qu’après le premier tiers de la 2ème lactation. »

Retour sur investissement en fonction de l'âge au premier vêlage
Retour sur investissement en fonction de l'âge au premier vêlage (©Seenorest 2021)

« On comprend très vite la nécessité de maximiser la vie productive de l’animal (le lait par jour de vie est un excellent critère). L’idée n’étant pas forcément de faire 5-6 lactations à tous les animaux, ce qui serait illusoire, mais déjà de maximiser le nombre d’animaux qui passent le cap de la 2e, puis 3e lactation. Aujourd’hui, 1 primipare sur 4 ne fait pas de deuxième lactation... »

Réforme en lait
Pourcentage de réforme suite à la première lactation en fonction de l'âge au premier vêlage. (©Seenorest 2021)

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