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A. Desjours, pédicure bovinLe parage, un rendez-vous santé à ne pas manquer en bovin viande

Quand ? Comment ? Pourquoi ? Alexandre Desjours, pédicure bovin pour Farago Bourgogne nous explique l'intérêt du parage pour le troupeau allaitant.

« Parer, c'est rééquilibrer les onglons pour redonner du confort », explique Alexandre Desjours, pédicure bovin pour Farago Bourgogne. Et le confort n'est pas toujours superflu ! Les boiteries ont un impact direct sur les performances économiques de l'exploitation, en vache laitière comme en bovin viande.

Un bovin qui boite peut demander jusqu'à deux fois plus de temps d'engraissement pour atteindre un poids souhaité. Et les performances à la repro, comme la lactation sont impactées. « Une vache qui boite, c'est une vache qui fatigue. Difficile d'espérer qu'elle ait beaucoup de lait pour son veau, ou qu'elle ait du gain à l'engraissement », résume Luc Dupaquier, éleveur de Charolaises à Vesvres en Bourgogne à l'occasion de la venue de son pédicure. 

Pourtant, le parage n'est pas forcément un réflexe pour les éleveurs allaitants. « Les éleveurs laitiers appellent plus facilement le pareur parce qu'ils repèrent assez vite les lésions à la traite. » Et l'impact de la boiterie sur la production laitière est rapidement visible. En viande, les conséquence sont plus sournoises : « les bovins à l'engraissement grossissent moins vite, les vaches allaitantes ont moins de lait, mais il faut un peu de temps pour s'en rendre compte... Pourtant le manque à gagner est bien là », estime Alexandre.

41 % des éleveurs allaitants font venir le pareur une fois l'an

D'après un sondage réalisé sur Web-agri du 22 au 29 mars, 59 % des éleveurs allaitants ne font pas venir le pareur, si ce n'est pour quelques cas de boiterie isolés. Chez les autres éleveurs, le pédicure intervient a minima une fois par an. « Mais les mentalités sont en train de changer, estime Alexandre. Le développement de la Mortellaro en bovin viande incite les éleveurs à être plus vigilants. »

Question prix, Farago Bourgogne propose une offre à 135 € HT les 5 paires de pattes. Le tarif est ensuite dégressif selon le nombre d'animaux passés en revue. « On conseille généralement le parage par lot, car le fait de venir plusieurs fois dans l'année permet de détecter les lésions précocement pour éviter les cas irrécupérables. »

Pour Luc Dupaquier, « le parage est un investissement rentable ». Chaque année, il retient le pareur quatre mois à l'avance pour contrôler ses bêtes en mars, avant la sortie au pâturage. « On repère les vaches qui ont des problèmes d'aplombs, de mauvais onglons ou des problèmes de boiterie », explique l'agriculteur bourguignon. 

Repérer les vaches à parer

Pour savoir quelles vaches nécessitent un parage, Alexandre Desjours conseille de prendre tout son troupeau au cornadis, et de regarder la posture de chaque vache. Il faut alors regarder : 

  • Le positionnement des pointes de jarret. « Lorsqu'on regarde les pattes arrière, on doit avoir deux poteaux bien parallèles » résume le pédicure. Si une vache a les jarrets en rotation, c'est qu'elle cherche à soulager un onglon. Et plus la rotation est importante, plus la lésion est grande.
  • La courbure de la ligne de dos trahit les boiteuses, même lorsqu'elles sont statiques.
  • Toute modification des appuis. Une vache qui a tendance à placer une patte vers l'extérieur, ou qui croise ses membres, témoigne d'une lésion. Le piétinement peut aussi alerter l'éleveur. 

Mieux vaut faire contrôler tous les animaux ayant boité dans l'année, même si le mal s'est résorbé.

Le pareur constate également un plus grand nombre de lésions sur les onglons externes des pattes arrière. « La démarche de la vache fait qu'ils supportent plus de poids, surtout sur les vaches gestantes », explique l'expert, qui conseille de vérifier les vaches après leur premier vêlage.

Equilibrer le poids du corps sur les onglons 

Une fois les bovins dans la cage de contention, le pareur travaille à la paire. « Si on pare le postérieur gauche, on fera forcément le postérieur droit ». Au besoin, les quatre membres de l'animal peuvent être vérifiés.

Dans le cas d'un parage fonctionnel, le pédicure équilibre les charges sur chaque onglon. Pour ce faire, il travaille sur : 

  • La longueur des onglons. Selon la taille de la vache, il doit y avoir 8,5 cm de corne depuis la couronne.
  • Le placement du talon. La corne est taillée de sorte à ce que l'os du pied soit parallèle au sol. Le pareur redessine le talon ainsi que la concavité de la sole.

Parage de bovins
Sur un bovin de 750 kg, chacun des 8 onglons supporte plus de 90 kg. (©Terre-net Média)

Selon les modalités d'élevage, l'état des onglons n'est pas le même. « Dans des stabulations avec un sol béton, il y a peu d'épaisseur à retirer, voire pas du tout si le sol a été scarifié récemment ». Mieux vaut d'ailleurs que la corne soit bien dure. Pour les autres types de sols (litière paillée, ou pâturage), il est possible d'aller cherche une corne plus souple. 

En cas de présence de lésion, le pédicure entreprend un parage curatif. Il cherche alors à :

  • Prendre en charge la lésion. Le pédicure cherche à dégager la zone infectée afin de la nettoyer. Il peut éventuellement y appliquer un pansement ainsi qu'un traitement local. 
  • Soulager la vache. L'objectif est d'enlever un maximum de charges sur l'onglon malade. Une talonnette naturelle peut être réalisée en surélevant l'onglon sain via le parage. Une petit cale en bois peut également être installée afin de moins solliciter l'onglon malade.

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