Le biogaz est une alternative aux énergies fossiles pour faire fonctionner des engins agricoles. Le biogaz ou bioGNV est du biométhane purifié et compressé. Si la solution peut sembler intéressante, surtout pour des agriculteurs méthaniseurs, beaucoup de questions se posent encore : est-ce que c’est intéressant économiquement, quelle autonomie a un tracteur qui roule au biogaz, la puissance affichée est-elle bien celle qu’on retrouve au champ ? Pour y voir plus clair, la FNCuma a suivi de près 6 tracteurs New Holland T6 Méthane Power, utilisés en individuel ou en Cuma, et a comparé les performances du même modèle en motorisation biogaz et GNR.
Un passage au banc moteur a montré que « à pleine charge, le tracteur au biogaz est plus sobre que celui qui fonctionne au GNR, avec un avantage de 2 kg/heure », dévoile Nassim Hamiti, ingénieur agroéquipement à la FNCuma. Par contre, en charge partielle, les résultats sont inverses. Pour compléter ces résultats au banc, des comparaisons ont été faites au champ, dans la même parcelle, avec le même chauffeur. Pour de l’épandage de lisier, les deux tracteurs ont une consommation similaire, autour de 11 litres de gasoil ou 11 kilos de gaz à l’heure. Pour du déchaumage, le tracteur roulant au biogaz consomme 16,23 kg/h, moins que celui au GNR, qui demande 20,1 l/h. Pour un travail à poste fixe avec la prise de force en mode éco, comme du brassage de lisier, c’est le tracteur au GNR qui est le plus économe avec 9,2 l/h, alors que celui au biogaz consomme 11,9 kg/h. « La comparaison au champ a confirmé les informations du banc moteur, souligne Nassim Hamiti. Le tracteur au biogaz s’en sort mieux pour les travaux à pleine puissance. »
L’approvisionnement, un point crucial
Au niveau économique à qui l’avantage ? « Beaucoup de paramètres influent, prévient Nassim Hamiti. Il y a la consommation et le prix des carburants mais aussi le prix d’achat du tracteur, le nombre d’heures travaillées par an. » Neuf, un tracteur New Holland T6 coûte 120 000€ en motorisation GNR, 145 000€ pour un modèle au biogaz. À prix du carburant identique, ce surcoût à l’achat reste un frein. Un usage intensif permet de diluer ce surcoût. De même, si une aide publique en faveur des énergies alternatives vient gommer cette différence de prix. Un gain de compétitivité serait possible si la fiscalité devenait plus favorable au biogaz (ou défavorable au GNR) ou si arrivait un contexte de tension sur l’approvisionnement pétrolier. « À l’échelle des exploitations, la motorisation au biogaz va gagner en intérêt quand un grand nombre d’heures est fait, avec des travaux lourds, souligne Nassim Hamiti. Il faut aussi travailler sur l’approvisionnement. »
Pour que les agriculteurs choisissent un tracteur fonctionnant au biogaz, les questions de l’autonomie et du ravitaillement sont cruciales. Avec une réserve frontale, l’autonomie peut aller jusqu’à 6 heures. Il existe des solutions de stockage de courte durée pour recharger au champ, avec ou sans compresseur. « La facilité de ravitaillement prime sur l’autonomie, estime Nassim Hamiti. Le maillage en stations bioGNR est un enjeu important pour le développement de ce type de motorisation. Quand ils dépendent d’une station extérieure, les agriculteurs organisent le travail autour de ce qu’ils peuvent faire avec un plein complet. Quand ils disposent d’une station à la ferme, la question de l’autonomie est moindre, car c’est plus facile de venir recharger. Sans contrainte d’approvisionnement, un tracteur tourne plus et sera mieux rentabilisé. »
Une nouvelle motorisation
Après le T6 de 180 ch, va arriver leT7-270 de 270 ch, « plus puissant, plus autonome », assure New Holland. Sa capacité de réservoir est annoncée à 200 kg contre 79 kg pour le T6, ce qui augmenterait l’autonomie de 70 %. Les premières livraisons sont prévues début 2026.
Ils rétrofitent un John Deere en électrique : le verdict après un an d’utilisation
Après la Prim’Holstein, la Génétique Haute Performance débarque en Normande
Logettes ou aire paillée ? Comment sont logées les vaches laitières françaises
La dégradation de la conjoncture menace le prix du lait
Dermatose dans le Rhône : de nombreuses races renoncent au Sommet de l’élevage
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
Face à une perte de compétitivité inédite, accompagner davantage les agriculteurs
Comment préparer une vache à la césarienne
Avant même la ratification, les importations de viande du Mercosur bondissent