Premier acheteur mondial d’oléagineux au début des années 2000, la Chine est venue détrôner l’Union européenne pour concentrer 28 % des échanges mondiaux en la matière en 2020. L’explosion des importations chinoise en oléagineux a été portée par le développement des besoins en soja : « entre 2000 et 2020 la hausse de la demande chinoise a été sept fois plus importante que celle de l’UE à 27 », insiste Vincent Chatellier, économiste à l'Inrae à l'occasion d'une présentation lors des rencontres 3R. « Les importations chinoises sont passées de 10 millions de tonnes de fèves de soja en 2010 à 100 millions de tonnes aujourd’hui ».
La Chine est ainsi le premier importateur mondial de produits agricoles, devant l’Union européenne. « Ce mouvement est colossal », commente l’économiste. « Le déficit en produits alimentaires de la Chine avoisinait les 95 milliards d’euros l’année dernière, et devrait dépasser les 100 milliards d’euros cette année ».
La Chine, partenaire privilégié du Brésil
Dans ce contexte, difficile pour l’Europe d’imposer ses conditions sur les marchés des oléagineux. Si la culture du soja fait l’objet de maintes controverses quant à la déforestation qu’elle induit en Amazonie, le développement de la demande chinoise fait office d’eldorado pour les exportateurs. Le Brésil, qui assurait plus d’un tiers des exportations mondiales en 2020, destinait 59 % de ses exportations à la Chine, contre 16 % pour l’UE à 27.
Dans le même temps, les importations françaises de tourteau de soja ont diminué d’un tiers en 20 ans, passant de 4,2 millions de tonnes en 2000 à 2,9 millions de tonnes en 2021. Cette tendance est à mettre en perspective avec la réduction des cheptels français, mais aussi avec le développement d’alternatives pour l’alimentation animale avec notamment le développement de l’utilisation de tourteaux de colza. Pratiquement nulles il y a 20 ans, les importations de graines de colza atteignaient 1,74 million de tonnes en 2021.
Les exportateurs sont plutôt détendus quant aux futures orientations de la Pac
Pour l’expert, la perspective d’une baisse des importations de soja par l’Union européenne n’effraie pas les principaux importateurs : « même si l’Europe diminuait de 30 % ses achats, la Chine à elle seule le compenserait. Si nous représentions 50 % des importations de soja il y a 25 ans, nous ne représenterons à terme peut-être que 10 % des échanges mondiaux. Ils sont plutôt détendus quant aux orientations données à notre politique agricole commune ».
Les importations chinoises semblent avoir de beaux jours devant elles. L’Empire du milieu ne semble pas se doter de plan d’amélioration de son autonomie protéique, et le développement de l’élevage alimente les échanges en matières premières agricoles. « A horizon 2050, la Chine devrait connaître une décroissance de sa population, on peut imaginer que les imports vont finir par stagner, voire diminuer mais actuellement, le besoin est tel qu’ils achètent à tous prix » explique Vincent Chatellier.
Et quand bien même « si l’ambition politique fixée par Bruxelles est de ne pas importer de soja déforestant, le Brésil peut choisir quel soja il importe à qui, avertit l’économiste. Il faut être prudent sur le positionnement du Brésil dans le Green deal ».
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