Paris, 28 fév 2016 (AFP) - Clic, clic, clic : la manucure bat son plein, mais la brebis reste stoïque, coincée les pattes en l'air entre des barrières métalliques. Très concentrés, les candidats au titre du meilleur jeune berger se succèdent, pince coupante à la main.
L'épreuve du parage (entretien des ongles) est l'une des sept imposées lors des Ovinpiades, un concours organisé au Salon de l'agriculture à Paris par la filière ovine pour recruter de nouveaux éleveurs.
« J'ai un peu stressé sur cette épreuve. C'est très technique, il ne faut pas faire mal à la brebis, mais il faut aller vite », analyse Anaïs Leloup, 19 ans, les joues rosies par l'effort. Il a aussi fallu trier les brebis équipées de puces électroniques à l'aide d'un smartphone, sélectionner le meilleur bélier, évaluer l'état d'engraissement de trois agneaux et apprécier l'état de santé d'une brebis. Le tout sous la pression du chronomètre.
La jeune fille fait partie des 38 étudiants sélectionnés depuis plusieurs mois dans une centaine de lycées agricoles, parmi 750 candidats au départ. « L'objectif est de redonner un coup de jeune à la filière, alors que la moitié des éleveurs a plus de 55 ans », explique Maurice Huet, président de l'interprofession Interbev Ovins.
Seuls 250 nouveaux éleveurs de moutons s'installent chaque année, quant il en faudrait un millier pour remplacer les départs à la retraite. Pourtant, alors que les éleveurs bovins et porcins s'engluent dans la crise, la filière ovine « va mieux », après des moments « très difficiles », explique Maurice Huet.
Premier prix : une brebis
Une amélioration due en partie à une revalorisation des aides touchées au titre de la Politique agricole commune (PAC). « Mais il y a eu aussi une prise de conscience » des difficultés des éleveurs de la part des autres maillons de la chaîne, souligne le responsable. Les industriels notamment, ont accepté de revoir en hausse les prix payés aux producteurs.
La filière s'est aussi beaucoup investie dans les signes de qualité, qui recouvrent désormais 20 % de la production de viande d'agneau, « contre seulement quelques pourcents en porc et en bovin », selon Maurice Huet. Beaucoup de contrats à prix fixes ont aussi été passés entre éleveurs et transformateurs. Résultat : un relatif dynamisme, même si la France importe plus de la moitié de sa consommation d'agneau.
« Dans un coin de ma tête, je réfléchis à d'autres métiers au cas où », concède Louis, 16 ans. Mais les moutons sont sa vraie passion, confie-t-il les yeux brillants : il rêve de marcher dans les traces de ses parents éleveurs. Les parents d'Anaïs ne sont « pas du tout » dans l'agriculture, mais la jeune fille s'enthousiasme elle aussi pour l'élevage ovin. « C'est un métier technique qui demande de la rigueur, je trouve ça passionnant. Pourquoi pas continuer ? » L'agriculture a-t-elle un avenir ? « C'est sûr que si personne ne se lance, ça sera un problème. Mais si on continue à se battre, on peut y arriver », sourit-elle.
Tous les candidats ne succomberont pas forcément à la vocation du mouton, et les organisateurs du concours, même après 11 éditions, n'ont pas vraiment les moyens de savoir quel sera leur parcours professionnel. « Mais ça en motive certains », assure Maurice Huet, dont la profession tente aussi de relancer la consommation de viande d'agneau, en baisse en France ces dernières années.
Le gagnant aura le droit de participer au championnat d'Europe au Royaume-Uni et au championnat du monde en Uruguay. Et surtout, il repartira avec... une brebis « pure race, pour l'inciter à poursuivre sa formation sans perdre de vue le mouton », dixit l'organisation.
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